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Samizdat

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samizd@t était le nom des manuscrits copiés et disséminés dans toute la Russie pour publier les écrits non conformes.

De l’élite et du pet.

L’étoile de la dénonciation s’appelle aujourd’hui « élite » et les tricoteuses grondent aux flancs de la guillotine. L'un de nos ex-ministres de la culture n’a-t-il pas récemment défini la culture comme « ce qui fait œuvre » ? On fait œuvre comme on fait sous soi ; l’œuvre fait sens, cela pose problème et nous interpelle. Par exemple, péter est une œuvre, c’est de la culture au sens «anti-élitiste » du mot.

Voilà un siècle, déjà, nos aïeux se délectaient du spectacle des pétomanes au caf’conç’, dont Sacha Guitry, élitiste, disait qu’il ne pouvait pas les sentir ! Le pétomane d’alors s’appelait Joseph Pujol , venait de Marseille où il se vantait d’aspirer la mer avec une ventouse dont la nature l’avait doté au plus secret de sa personne, et il se produisait au Moulin Rouge. Il ne savait pas qu’il «faisait œuvre».

L’auteur surréaliste Roger Vitrac s’empara du sujet pour créer Victor ou les enfants au pouvoir, chef d’œuvre de l’humour noir, où le pet se transforme en canonnade pour tout pulvériser.

Il le transmua donc en « art élitiste » selon la définition récente du Conseil supérieur de l’audiovisuel, dénoncée par Catherine Clément : « Certains s’en tiennent à une vision très restrictive, en réservant le qualificatif à la culture élitiste, les arts et spectacles vivants, théâtre, musique, danse, opéra, ballet. […] D’autres, enfin, proclament que tout est culturel, que tout est reflet de la culture d’un pays, d’une époque, et que la culture d’un groupe ou d’une catégorie sociale ne vaut ni plus ni moins que celle d’un autre groupe. » Ni plus, ni moins, nous vous le disons, mon tapissier vaut bien Molière, le happy slapping (« claques joyeuses », dernière création à la mode consistant à filmer une pauvre être massacré ou violé par les hordes de brutes et de lâches) vaut la commedia dell’arte, un tableau de Vermeer mon yaourt et Mozart ma sonnerie de portable.

haut de pageQui veut noyer son chien l’accuse de la rage. Quel est l’intérêt de ceux qui veulent tout vendre à des masses abêties ou tout leur faire voter, de ces élus qui n’aiment pas l’élite ? Qui veut lumpenprolétariser une société qui, hier encore, était un modèle pour les mots d’esprit, la mode, l’amour et les chapeaux ? Qui ne veut pas que tous accèdent par la grâce d'une télévision plusexigente à la culture, au sens des mots, c’est-à-dire au choix, donc à la liberté ?

Le pire est toujours possible : nous pouvons désormais charger le bruitage (le bien nommé) « pétomane » sur notre téléphone portable, google nous l’annonce, google nous l’a dit : Le pétomane sur votre téléphone mobile. Télécharger ... Pétons, vous dis-je, et transformons en pétoires les espaces publics. En précisant tout de même que beaucoup, aujourd'hui comme hier, « pètent plus haut que leurs fesses » et prennent pour art et lanterne ce qui n’est que vessie ?

et le kitsch, camarades ...
Passant devant une vitrine, nous avons découvert, ô délices, après la serviette en papier/mouchoir jetable, le paillasson Che, non loin des lunettes de cabinet patriotiques ou bucoliques, dans la tradition du meilleur bon goût. (Ultra Kitsch, 16 rue des Dames, 75 017 Paris).

Grandeur et décadence d'une révolution qui ne mange plus ses propres fils mais s'essuie les pieds dessus. Cela m'a rappelé cette bourgade de la frontière hongroise, où l'on pouvait découvrir les T-shirts post-léninistes d'un pays laminé par les "chars de la liberté" en 1956, "Mac Lenine" ou "J'enc... la Révolution".



Autre boutique : Che devenu pub pour appareil photo révolutionnaire. Rappelons que les royalties de cette photo vont directement dans les caisses de l'Etat cubain. De l'ultra-capitalisme et du "capitamunisme"



Mérite d'être copié
Un livre, Les méfaits de la télévision sur nos enfants, de Luc Berrou, est diffusé par l’association Avenir de la Culture, 6 rue d’Estrées, 75 007, Paris.
On en apprend de belles mais non d’inattendues. En particulier sur la porno dont l’ancien ministre de l’Education Nationale, Jack Lang, a dit à la radio que c’était « une forme d’art comme les autres et il faudrait la développer. » Mais à tirer la chevillette, ne risque-t-on pas de remonter à ce règne délétère sur la jeunesse et la culture où la déstructuration de l’enfant a été programmée, à coups de pétards, de préservatifs, et de « méthode globale », la bien nommée ?
Pour tenter d’agir directement dans la bataille pour l’Education Nationale, à signaler : 
SOS Education, 5 rue du Commandant Lamy, 75 011 Paris. www.soseducation.com.

Sur la télévision, il faut rappeler aussi l’œuvre fondamentale et courageuse d’une chercheuse du CNRS qui, pour ses idées fut écartée de la docte institution des « chercheurs à vie » (elle en est directeur de recherche honoraire), Liliane Lurçat, docteur en psychologie, docteur ès Lettres et Sciences Humaines, auteur de Le jeune enfant devant les apparences télévisuelles (Desclée de Brouwer, 1994), Le tempshaut de page prisonnier : Des enfances volées par la télévision (Desclée de Brouwer, 1995), La destruction de l’enseignement élémentaire et ses penseurs (François-Xavier de Guibert, 1998), qui a suscité nombre de polémiques.
Présentation de La manipulation des enfants. Nos enfants face à la violence des images (Ed. du Rocher, 2002) :
"Notre vie est désormais une vie sous influence. La manipulation psychologique que nous subissons dès l'enfance provoque une déréalisation dont l'essence réside dans la confusion entre notre vécu télévisuel et la vie réelle. Etre comme tout le monde, c'est le modèle qu'on nous impose. Penser qu'on est original, c'est la croyance qu'on nous suggère. La télévision prend la place occupée par la lecture des grandes oeuvres littéraires, qui aident à se comprendre soi-même et à comprendre les autres. S'imprégner, imiter, oublier. Tels sont les thèmes traités dans cet essai où il est question de télévision et d'école dans le monde actuel, et de l'extraordinaire pouvoir de manipulation et de suggestion collective des médias modernes."

Pour avoir vu ma fille, petite, parler en hoquetant comme une poule de dessin animé et sautiller comme un vermisseau frappé de dysneymania, pour l’avoir vu grandir dans le mimétisme passif et le viol quotidien de l’imaginaire et de l’idéal, je salue le travail et l’intrépidité de Mme Lurçat. Mais rappelons aussi les séries comme Le Caméléon, que nous suivions ensemble, avec bonheur. Ou … Mc Gyver. Tous deux luttent pour le bon sens et contre la fatalité des manipulations. Ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain.

Lire l’ article de L. Lurçat, « Le pédagogisme, facteur d’échec » : http://www.sauv.net/lurcat1.htm.
Voir aussi : Isabelle Taubes, « Déjouer les pièges de la télé, ce n'est qu'un film ! », Psychologies, février 1996, no 139, (pp. 44–46), http://www.media-awareness.ca/francais/ressources/textes_d_opinion/dejouer_pieges_tele.cfm.
Et pour lire une descente en règle de L. Lurçat qui a osé s’attaquer en 1981 à Goldorak et aux films animés japonais, donc à des intérêts très précis, lire la page instructive, où elle et traitée de « faiblarde » et de « superficielle ». Décidément « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » :
http://membres.lycos.fr/goldotriomphe/lurcat.htm
Lire enfin : rapport de la mission Kriegel, disponible sur le site du ministère de la culture http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/communiq/aillagon/rapportBK.pdf .

Bientôt le débat : les techniques sont là, comment les utiliser ? Télévision, Internet, CD/DVD-ROMs.


"Laborandum ut quiescat" (travaille pour bien te reposer) sur une maison romaine et Cicéron tagué dans un jardin de Rome Citations
Rubrique des phrases qui peuvent nous aider à vivre.

Aujourd'hui, le poète français PAUL VALERY
"N'hésite jamais à faire ce qui écarte de toi le tiers de tes amis et triple l'amour du reste."
"Suivre sa pente. Pourvu qu'elle monte."
"N'explique jamais à tes amis, ils t'aiment de toute façon. N'explique jamais à tes ennemis, ils te détestent de toute façon. N'explique jamais aux indifférents, ils s'en moquent de toute façon."


Portrait d'électron libre haut de page
Coup de chapeau à Daniel Picouly qui a rendu un vibrant et émouvant hommage au Général de Gaulle, son "lièvre" dans la course à pied, au cours d'une soirée littérature à la télévion (émission de F-O Giesbert).

Coup de Grisou ("Pétons les plombs !")

Feu !
Reportage télé passé en catimini : les forces de la paix en ex-Yougoslavie, de grands beaux gosses blancs et blonds, ont visé des chiens ont tiré, comme ça pour s’amuser. On voit l’un des chiens, attaché à sa niche simple et coquette, batifolant de la queue, croyant qu’on joue. Ils ont tiré. Reste une rigole de sang et une femme qui sort de la maison. « Coupez ! »
Quelqu’un s’est indigné au Conseil de l’Europe, a-t-on ouvert l’enquête ? Vont-ils comparaître à La Haye pour crimes contre l’humanité ? Leur humanité. Notre humanité.
Haro
Les bûchers allumés, comme au temps des sorcières, ont brûlé des moutons par monceaux, fous ou non, en Grande-Bretagne. Puis ce fut, au cours de l’été des grandes chaleurs, le tour des poussins rôtis sous toits de tôle dans des « élevages modèles » par fournaises de 40° - les vieillards ont eu droit à des larmes, pas les poussins. Nous en sommes, avec la grippe asiatique, aux volailles fourrées à pleine main dans des sacs, palpitant de vie, exterminées loin de nos racines. Sans oublier les rongeurs chinois et les ours russes à la bile sanglante. L’homme a passé les bornes. Et voilà qu’il veut se cloner !
Liberté
« On attente à ma liberté lorsqu'on m'impose, comme je l'ai vu, au sortir de ma maison, une affiche avec une femme aux seins en obus, la bouche ouverte pour lécher la gueule d'un revolver.
On attente à ma liberté lorsque chaque soir, dans les publicités, la mer mousse ou le tuyau d'arrosage gicle entre les jambes d'un homme qui lave sa voiture en prenant son pied.
On attente à ma liberté lorsque des femmes sanglées, sorties des soirées masos, se gorgent, sur des publicités, d'un éphèbe peu fait pour elles.
On attente à ma liberté quand je vois, sur d'autres publicités, des enfants nus ouvrir bras et jambes en des temps où il n'est question que de pédophilie, et montrer leurs jolies fesses rondes.
On attente à ma liberté quand le prix Cyril Collard est créé pour récompenser des films aussi culturels que celui de cet assassin qui se flattait de communiquer le sida aux femmes comme aux hommes - expression inattendue de la plus radicale des parités - et avait pondu un film de Q graveleux, aussi triste que la bidoche du boucher de Mallarmé.
On attente à ma liberté quand désormais, câble et satellite compris, 640 films X - vous avez bien lu, le chiffre a été donné aux infos, six cent-quarante, je l'écris en chiffre comme sur les chèques - 640 films X passent par mois, de plus en plus tôt, de plus en plus hard, et même en prime-time ou même l’après-midi sur les chaînes décryptées de grands hôtels.
On attente à ma liberté quand on brûle une jeune fille ‘ni pute ni soumise’ dans le local aux poubelles, juste pour le fun. »
No loistering
Qui va dans un sens ou dans l'autre roule sur les mêmes rails. « No loistering » comme disent les pancartes des gazons américains, « interdit de flâner ».
Pote haut de page
« En 1848, lorsque le mot égalité » fut ajouté à la devise révolutionnaire, on glosa. Un marchand de tabac du Palais-Royal fit peindre son enseigne "Aux trois Blagues", et dessous les mots "liberté, égalité, fraternité". Avec les barricades, "égalité » reçut le baptême du sang. Aujourd'hui, on en est au "pote". J'en discutais l'autre jour avec Monsieur Kacem, un descendant des janissaires, un Arabe chrétien qui vend des fruits à côté de chez moi, l'un des hommes les plus fins et civilisés que je connaisse : "- Vous aimeriez, vous, Monsieur Kacem, être mon pote ? Vous diriez à vos amis que je suis votre pote ? - Oh non, Madame, j'ai trop de respect pour vous !" Voilà, il l'a dit, "respect" comme ils disent, un "pote", c'est condescendant. "Mon pote, mon pote, est-ce que j'ai une gueule de pote", gouaillerait aujourd'hui Arletty. » Pareil pour tolérance : en bon français, on tolère ce qu’on ne supporte pas !
Rêve
« Retour sur les vacances : 15 août, l’Assomption, montée de la Vierge au ciel – 30 000 personnes à Lourdes. 15 août, peu après la grand’messe du Larzac, 35 000 Personnes au Teknival sur un chantier d’autoroute. Les chiffres laissent rêveurs/raveurs et la presse en fait ses choux raves. Tous de surenchérir dans le rassu-sussurement : José a béni les foules et tatoué des autographes sur le dos des bienheureux…
Comme dirait l’écrivain Vassili Axionov, "Que dire des situations où les galaxies elles-mêmes perdent leur lait ?"
Révolution
Slogan des intermittents du spectacle (été 2003) : « « Ils veulent nous couper les vivres, qu’on leur coupe la tête ».
Slogan graffité, signé L.R. (lu au métro Jacques Bonsergent, 2002) : « Les travailleurs se tuent à la tâche, les patrons se tuent à la hache ».
Graffiti dans le métro, station Bastille : « Lénine, t’as pas 100 balles ? ». 
Nota Bene : Il les avait, le bougre, cela s’appelait « peloton d’exécution ».
Rossignols
« Le maréchal Junot, réveillé un matin par le chant des rossignols, ordonna qu’on les fusille. Et je lis dans Un Autre d’Imre Kertész, Prix Nobel 2004 : « Saviez-vous que Lénine chassait des rossignols en leur jetant des pierres ? […] Soudain, il a senti qu’il ne pouvait plus soulever les cailloux, pas plus que son bras, il était paralysé. C’était la vengeance élégante, légère comme un souffle mais implacable des rossignols sur le grand révolutionnaire qui ne supportait pas leur chant. » Nous vivons les temps de l’allergie au chant du rossignol.
Sans sortir de la Poste
Slogan lu derrière la postière : « Ne faites pas comme Napoléon. Préparez-vous une retraite au chaud. » Devise pour lendemains qui ronflent !
Sur l’affiche d’à-côté, une pub pour enveloppe gonflante, sur gorge de dindon : « C’est tellement plus pratique de se gonfler instantanément. » Le coq gaulois glougloute.
String
Ce n’est plus l’époque du fil à la patte. Feydeau titrerait aujourd’hui son vaudeville : « Une ficelle entre les fesses ».
Et dire qu’aujourd’hui, nous n’avons plus le choix qu’entre le string et le voile !
Colette l'a fort bien dit : "La vérité est comme une femme. Trop nue, elle ne plaît pas aux hommes". Ce n’est pas une raison pour l’engrillager sous une cloche de tissu.
Veaux
Les Français, vaches, se voudraient-ils des veaux ?
B. Brecht : «
Les veaux trottent derrière les tambours, les veaux dont on fait la peau des tambours ». haut de page
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