Séminaire ininterrompu ... un enseignement restitué

GERARD NAHON DECRIT PAR SES ELEVES

De 1977 à 2000, Gérard Nahon a enseigné à Paris ou Bruxelles, au Séminaire israélite de France ou à l'Ecole Pratique des hautes Etudes (EPHE), et en bien d'autres endroits, le Judaïsme médiéval et moderne. Ses élèves, venus d'horizons différents, voire opposés, se découvrent une famille d'esprits tissés de fils secrets.
Universitaires ou amateurs, au sens le plus fort du mot, ils témoignent :

 

Haïm Korsia

Jacques HalbronnJacques HoberJean-Marc ChouraquiLucien DreyfusChristiane ChicheIrène KohnLionel LévyMarie-France GodfroyLévy-WillardAvraham MalthêtePhilippe PierretMaryse ChoukrounMax PolonovskiGilbert Roos et Eliane Roos SchuhlSuzy SitbonPhilippe AghionEdouard AllouchElizabeth AntébiRichard AyounEmmanuel Attali
Combien je ressens le vide que me laisse le départ en retraite de notre grand maître Monsieur Gérard Nahon, historien exceptionnel dans son très large domaine du judaïsme séfarade ! Lors de certains de ses séminaires, je me sentais parfois comme transporté sur les bancs d'une certaine Yeshiva (université religieuse)de Safed ou de Jérusalem.

Etait-ce un conteur que j'écoutais ? non. L'enseignement de M. Nahon était certes vivant, humain (comme il l'est en vérité lui-même) et pourtant véridique, précis, documenté et je dirais scientifique. Tenez, un exemple : l'étude du manuscrit du Sefer Hayashar de Rabenou Tam (XIIe siècle). L'explication du texte a été accompagnée par l'initiation à l'écriture paléographique employée, monsieur Nahon, nous transportant littéralement dans l'atmosphère du temps et du lieu, suscitant notre curiosité, nos observations, notre questionnement, nous apprenant à connaître - je dirais presque intimement - le caractère, l'autorité de Rabenou Tam. Avec Monsieur Gérard Nahon, l'heure du cours passait trop vite à mon grand regret. C'est pourquoi je lui dois une véritable gratitude ainsi qu'un très grand respect.

Edouard Allouch, ex-cadre supérieur du Crédit Lyonnais, Croix de Guerre, Médaille de la Résistance. Maitrise d'hébreu moderne.(audtieur EPHE)

Souhaitant mieux connaître l'histoire de ma famille, originaire de Bayonne et Bordeaux, je suis allé voir Gérard Nahon, dont j'avais lu plusieurs livres. Il m'a invité à suivre ses cours à l'Ecole des Hautes Etudes, où je devins auditeur libre à partir de 1993. Gérard Nahon m'a introduit auprès de la Société des Etudes Juives et m'a permis de devenir membre du Cercle de Généalogie juive et de l'Association « Patrimoine israélite des Pyrénées-Atlantiques et des Landes », dont il est Président honoraire. Ainsi fut-il mon guide sur un « chemin des origines » que je continue à suivre.

Philippe Aghion, né à Paris en 1925, ingénieur des Arts et Métiers (auditeur EPHE)

Il est rare de rencontrer sur son chemin un Eveilleur. Nous sommes quelques-uns à en avoir eu le privilège. Gérard Nahon a joué un rôle étrange dans ma vie : il m'a fait « entrer en religion », il m'a reliée, au sens originel du mot, au fil invisible perdu dans les filigranes de l'inconscient. Il m'a permis de renouer avec la transmission interrompue. Grâce à lui, j'ai écrit et publié près de deux mille pages sur mon grand-père, la genèse d'Israël à l'époque ottomane puis sous le Mandat anglais, les directeurs et instituteurs de l'Alliance israélite universelle en Orient et Méditerranée à l'aube du siècle quand se tissent les problèmes auxquels nous faisons face aujourd'hui. A son séminaire, se côtoient les gens venus d'horizons les plus différents, voire opposés. Ce qui les unit, c'est l'honnêteté de leur recherche, l'humilité qu'elle sous-tend, la passion de l'érudition. Pour tous, le garant - la « pierre de touche », disait Socrate - reste Gérard Nahon.

Elizabeth Antébi, licence ès Lettres classiques, licence d'Histoire de l'Art, doctorat d'Histoire des religions et Systèmes de Pensée à l'EPHE, 1999. Ecrivain, chef de projet multimedia.

TEXTE ATTENDU
Après avoir soutenu une thèse de troisième cycle consacrée à un prédicateur franciscain de la fin du XVIe siècle, j'ai voulu continuer mes recherches sur un sujet que j'avais rencontré à cette occasion : le marranisme. J'ai rencontré plusieurs chercheurs qui m'ont découragée : par définition il y a peu de sources sur le sujet. Ils m'ont appris que, en revanche, l'histoire et la géographie des Juifs du Midi de la France était peu étudiée. Me restait à prendre contact avec le spécialiste de la question, Gérard Nahon.

J'ai osé m'inscrire au colloque organisé à l'Université Paul Valéry en octobre 1985 à Montpellier « Les Juifs à Montpellier et dans le Languedoc du Moyen Age à nos jours ». Il était indiqué dans le programme que Gérard Nahon en ferait la synthèse et en tirerait les conclusions, donc, qu'il allait écouter ce que j'allais raconter, moi, un amateur, même pas enseignante (bibliothécaire alors en département de géographie), non-juive de surcroît. Comment lui demander de diriger la thèse que je projetais ?

Le hasard a bien fait les choses : nous étions passagers d'une voiture de participants au colloque et… nous nous sommes perdus dans Montpellier. Durant le long périple jusqu'à l'Université Paul Valéry nous avons bavardé et… j'ai osé ! Gérard Nahon a accepté, n'a pas soulevé le problème de ma méconnaissance du monde juif. Il m'a tout naturellement parlé en historien.

Tous ceux qui ont eu la joie de travailler avec lui connaissent ses qualités d'érudit, de pédagogue. Ce que je retiens, c'est l'attention, la bienveillance, la compréhension, le soutien apporté, les qualités d'un homme ouvert, accessible, accueillant. J'ai la joie et le plaisir d'être toujours en contact avec Gérard Nahon, de moins en moins pour des études historiques, de plus en plus pour échanger des nouvelles.

Cela aussi est un de ses talents (rare) : ne jamais oublier que son interlocuteur qu'il soit élève, enseignant, est un être humain qui a besoin d'être reconnu, accompagné…

Marie-France Godfroy-Lanet, depuis le 1er janvier 1999 : Ingénieur d'études de 1ère classe (ITARF), Université Toulouse-le-Mirail a un DEUG de Psychologie, une Maîtrise d'Histoire (Les Hôpitaux de Toulouse en 1540, sous la direction de Gilles Caster, Université Toulouse-Le Mirail) et un Doctorat 3e cycle (Thomas Illyricus, prédicateur et théologien, 1484-1528, sous la direction de G. Caster). Elle passé son doctorat EPHE sous la direction de Gérard Nahon (Juifs de la sénéchaussée de Carcassonne à la veille de l'expulsion de 1306 (1994). Détail notoire, Marie-France a trois chats : Shypsie (blanche avec taches noires), Roumistou (roux légèrement rayé, teint beige abricot, l'air toujours étonné et ayant peur de tout), Titti-Kitty (la dernière, trouvée dans la rue, couleur écaille de tortue, très vive, mangeant un peu trop).

Gérard Nahon m'avait été conseillé par Daniel Roche avec qui j'avais fait ma Maîtrise d'Histoire. En Sorbonne, ce dernier m'avait dit que le spécialiste de la « maison d'en face » pouvait m'être d'un très grand concours dans mes recherches sur les juifs de France. Gérard Nahon a dirigé mon DEA soutenu à l'EPHE en 1996 sur les Judéo-comtadins et la mort (1725-1825). Ayant changé de directeur de recherche pour ma thèse, je lui garde une très grande reconnaissance. Le court chemin dans la recherche parcouru en sa présence m'a beaucoup apporté.

J'ai toujours apprécié les rendez-vous dans ce petit bureau de l'Ecole que se partagent les directeurs d'études. L'exiguïté des locaux ne reflète en rien l'immense qualité des échanges qui s'y déroulent. Sirotant son thé, Gérard Nahon m'écoutait longuement disserter sur les travaux de Michel Vovelle ou ceux de Pierre Chaunu quand je peinais à rassembler le corpus de testaments, source pour mon étude. Ces encouragements ont été très utiles. Il m'a rassuré sur le bien-fondé scientifique de ma démarche au regard des sources que j'avais trouvé. Mine d'informations bibliographiques, il m'a suggéré des pistes à explorer. Ses connaissances personnelles m'ont facilité le travail dans les dépôts d'archives de province et à l'étranger.

Curieux, Gérard Nahon ne clôturait jamais un entretien sans me questionner sur l'enseignement en banlieue et mes pratiques pédagogiques. Grand chercheur, je lui dois beaucoup. Je serais ravi de participer à un Mélange publié en son honneur.

Emmanuel Attali,doctorant

Je voudrais exprimer toute ma gratitude à Monsieur Gérard Nahon, directeur d'études à l'Ecole Pratique des hautes Etudes (Ve section - sciences religieuses) qui a dirigé mon doctorat. Ses cours, que j'ai suivis de 1968 à 1995, m'ont beaucoup enrichi. Il a su avec une patience dont je lui sais gré, me guider dans mes recherches et les orienter à des moments décisifs.

Richard Ayoun, maître de conférences à l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), docteur en histoire, habilité à diriger des recherches, licencié d'hébreu.

Les cours de Monsieur Nahon m'ont éclairée sur l'historiographie juive, en relation avec mes propres recherches de psychogénéalogie. J'ai découvert là une érudition fondée sur la rigueur et la passion. Je remercie ici très sincèrement monsieur Nahon pour l'accueil amical qu'il m'a réservé.

Christiane Chiche, psychologue clinicienne(auditrice EPHE)

Il est pour moi l'exemple même de l'Honnête Homme, immensément cultivé et d'une modestie sans pareille. Il est à mes yeux l'incarnation du professeur à côté de qui on voudrait apprendre et travailler.

Maryse Choukroun : « Je ne suis ni historienne ni quoi que ce soit qui puisse apporter quelque chose. J'aime apprendre et c'est tout ». (auditrice EPHE)

Gérard Nahon est un Maître. Après mon 3ème cycle en Histoire des mentalités chrétiennes sous la direction de Michel Vovelle, il a guidé mes premiers pas en études juives. Il est un Maître pour sa passion à communiquer l'exigence d'érudition et de rigueur dans un champ d'étude, le judaïsme, pour lequel la recherche identitaire, souvent affective, des jeunes étudiants, peut parfois recouvrir la recherche scientifique. Il est un Maître pour la douceur avec laquelle il exerce sa rigueur (universitaire). Il est un Maître pour la confiance en soi qu'il inspire à ses élèves, et pour le soutien sans faille qu'il sait leur témoigner afin qu'ils s'accomplissent comme chercheurs et entrent "dans la carrière".

Il est un Maître parce qu'il témoigne de ce que l'érudition n'exclut pas l'affection.

Il est un Maître parce qu'il est modeste.

Gérard Nahon est un Maître. A nous de toujours mériter la confiance qu'il nous a accordée.

A nous de savoir transmettre ce qu'il nous a appris et le goût d'apprendre.

Jean-Marc Chouraqui, professeur en histoire à l'Université de la Méditerranée, directeur de l'Institut Interuniversitaire d'Etudes et de Culture juives ou IECJ (universités d'Aix-Marseille, Avignon, Toulon, Nice).

« Nous avons suivi le séminaire de Gérard Nahon à l'EPHE durant de longues années. Lucien Dreyfus était préposé à la lecture de la traduction en français des citations bibliques. Nous avions du plaisir à retrouver le groupe chaque mercredi : une telle sympathie y régnait. Toujours affable, Gérard Nahon se met constamment à la portée de chacun. » Suzanne Dreyfus.

Lucien Dreyfus, né à Remiremont dans les Vosges, lors d'une visite à Jérusalem.

Mes "rencontres" avec Gérard Nahon ont débuté très tôt puisque je n'avais pas encore onze ans quand je l'ai eu pour professeur d'histoire et géographie en classe de Cinquième, au lycée Pasteur, à Neuilly/Seine. Je devrais pouvoir retrouver un jour dans mes archives la photo de classe. Si bien que c'est l'une des très rares personnes que je connaisse de cette époque de mon enfance, en dehors de ma famille. Je ne sais quelle impression j'ai pu lui laisser… Puis j'ai revu, je crois, Gérard Nahon au CUEJ (Centre Universitaire d'Etudes Juives) : il nous parlait des cimetières juifs du Sud-Ouest de la France. C'était au début des années 1970. Les cours avaient lieu au Centre Edmond Fleg, rue de l'Eperon. 75006 Paris avant d'être transféré au Centre Rashi à partir de 1974, si je me souviens bien. A la même époque, il assurait un enseignement à l'INALCO (Langues O) que je suivais très sporadiquement. Au cours des mêmes années 70, étant moi-même élève de Georges Vajda, j'ai en outre croisé G. Nahon, à la Société des Etudes Juives. Plus récemment, j'ai eu affaire avec lui pour un article sur IbnEzra, à la fin des années 90, qui parut dans la REJ (Revue des Etudes Juives) dont il était devenu le responsable

Je crois que j'ai toujours été frappé par son physique, sa moustache et sa voix très particulière et chaude. J'appréciais son goût des archives, des documents et je crois me souvenir qu'en classe de cinquiéme, il y a plus de quarante ans, il nous faisait préparer des dossiers avec des illustrations ...

Jacques Halbronn, auteur d'une thèse sur La problématique astrologique chez les principaux penseurs juifs du Moyen Age, sous la direction de G. Vajda, 1979, et d'une thèse d'Etat, sous la direction de Jean Céard, sur Le texte prophétique en France. Formation et fortune. Auteur de Clefs pour l'astrologie (Seghers, 1976), d'articles, de livres, il est, par sa mère, le cousin lointain de Nostradamus. Organise des colloques sur le judaïsme dans le cadre de l'association Centre d'Etude et de Recherche sur l'Identité Juive (CERIJ) qui publie des Cahiers du CERIJ.

Lorsque j'ai pris ma retraite, je me suis inscrit comme auditeur libre au cours de Gérard Nahon durant les trois dernières années de son activité à l'EPHE. J'avais d'ailleurs fait mes études secondaires à l'école Maïmonide de Boulogne, de 1948 à 1954, où il a enseigné peu après. Je lui suis reconnaissant de m'avoir donné accès aux textes et surtout aux manuscrits de Rabénou Tam et de ses contemporains, ainsi que de m'avoir fait découvrir le Judaïsme de Palestine du XVIème au XVIIIème siècle.

Jacques Hober, né en 1937, physicien de formation, après un doctorat du troisième cycle a fait carrière dans l'informatique, dans une société de télécommunications.(auditeur EPHE)

Dès le premier instant, j'ai été très intéressée, pour ne pas dire passionnée, par l'érudition de M. Nahon, par la profondeur de ses recherches et par la clarté de ses exposés. Je me suis passionnée pour l'histoire du judaïsme au Moyen Âge (en particulier au XIIème siècle) et pour la manière dont l'a abordé M. Nahon, avec documents à l'appui. Tout au long de cette année 1999-2000, où je suis venue à son cours, j'ai été touchée par sa gentillesse et sa patience à l'égard des étudiants et enthousiasmée par l'histoire du judaïsme telle qu'il l'exposait. Gérard Nahon m'est apparu comme un grand « Maître ».

Irène Kohn (auditrice EPHE)

Le 7 février 2001, soit environ vingt ans après avoir rencontré le professeur Gérard Nahon au Séminaire israélite de France, j'ai osé lui poser la question que tous ses élèves se sont posée. A son instigation, je donnais une conférence au centre communautaire de Maurepas et au moment des questions du public, c'est moi qui ai posé la question : « Professeur, pourquoi utilisez-vous toujours de l'encre verte pour vos courriers, ou pour corriger nos copies ? ». Après un léger silence, il a expliqué que c'est en référence au Téhélet, improprement traduit par « Azur », que l'on utilisait pour les franges du Talit. Je n'ai pas osé demander : « Et alors, pourquoi le Téhélet ? ». Je laisse cette question aux futures générations, et j'y vois bien un sujet de thèse.

Je dois trop à cet homme pour le livrer à une « Toile ».

Haïm Korsia, directeur de cabinet du grand rabbin de France, aumônier général de l'armée de l'air, consultant rabbinique à l'OSE (oeuvre de secours à l'enfance).

Gérard Nahon est un modèle presque anachronique d'humaniste pour qui la recherche, la connaissance et l'intérêt pour l'homme sont en eux-mêmes leur récompense.

Il dégage cette forme de simplicité et de modestie des véritables grands savants que permet la vraie science quand elle est inséparable de la conscience et de la tolérance. Il a une conception digne sans défi ni complaintes de l'identité juive qui impose le respect et l'affection.

Nous nous séparons certes sur le jugement à porter sur Baruch Spinoza, notre plus grand humaniste, mais il est peut-être, à son corps défendant et qu'il m'en excuse, tout imbu de la morale spinozienne dans cette tradition maïmonidienne selon laquelle la connaissance est joie et amour et l'ignorance haine et malheur.

Lionel Lévy, ex-bâtonnier, avocat honoraire, Docteur en histoire des religions et systèmes de pensée à l'EPHE, 1997.

J'ai connu Gérard NAHON durant le premier trimestre de l'année universitaire 1993/1994. Rencontre mémorable car étant, à l'époque, le seul non-juif (cela s'est arrangé depuis) de sa conférence, il fut pour le moins étonné que je me recommande auprès de lui de Monsieur le Grand-Rabbin René Sirat. Lors de notre rencontre, il me mit tout de suite à l'épreuve, très intrigué qu'un charpentier de 47 ans vienne s'inscrire à l'EPHE, surtout dans une matière juive très pointue.

Première séance : nous sommes dans le commentaire de Pirqé Avot de Rabbi Yacaqov bar Shimshon de Paris (XIIe siècle). Vient mon tour de lire, traduire et commenter. Entièrement autodidacte, je me sentais dans mes petits souliers. En quelques minutes, je réalise que mon parcours me met – en toute modestie – dans la cour des grands. Joie profonde de réaliser que 30 ans de fréquentation solitaire des textes de la tradition juive portent leurs fruits. Joie profonde également d'être reconnu par l'un des maîtres du moyen âge juif français, dans ce parcours universitaire que j'entame après une vie passée à construire des escaliers, des charpentes d'église… et de synagogues.

Ce que j'apprécie le plus chez Gérard NAHON, c'est sa simplicité, sa gentillesse, sa disponibilité et surtout son amitié. Il ne considère jamais ses élèves comme des inférieurs à qui il distille sa science, mais est à l'écoute de tous, même si parfois quelques questions posées peuvent être superflues, parce que la réponse devrait être connue de tous à ce niveau d'enseignement.

Gérard NAHON, c'est la précision dans le propos, l'argument toujours fondé, mais aussi et surtout, la modestie lorsqu'il se trompe ou lorsqu'un élève lui apporte un argument dûment fondé qui vient contredire ce qu'il vient d'exposer.

J'en veux pour exemple le fait suivant : lors d'une séance, Gérard NAHON commence à s'enflammer à propos de Rabbi Yacaqov bar Shimshon de Paris qui, dans le manuscrit de la Bibliothèque Nationale sur lequel nous travaillons, cite le Talmud de Jérusalem : "Vous vous rendez compte, c'est extraordinaire, pour l'époque ! Déjà qu'il existe peu d'exemplaires du Talmud de Babylone en circulation, notre auteur a donc sans doute dû se déplacer pour aller voir cet exemplaire chez un collègue, etc." Le lendemain, il m'appelle :"Monsieur Malthête, je ne trouve pas ce texte dans dans le Yerushalmi ; peut-être, avec votre base de données, le trouverez-vous ? - Monsieur Nahon, je l'ai déjà trouvé. – Ah bon, c'est où alors ? - Eh bien, notre auteur s'est trompé, c'est dans Midrash Rabba ! - Vous en êtes sûr ? - Complètement ; je vous donne le chapitre et la pisqa." J'entends alors Gérard feuilleter, puis :"Vous avez raison, et moi qui avait échafaudé toute une histoire…"

Voilà qui résume tout Gérard NAHON.

Avraham Malthête, bibliothécaire-paléographe, bibliothèque de l'Alliance israélite universelle (AIU).

Je lui suis très reconnaissant pour la véritable sympathie communiquée tout au long des années du diplôme de L'EPHE et de mon travail de mémoire en 1994. Je résumerai lapidairement toutes ces années en quelques mots : Optimisme - Encouragements, Accueil, Force de travail incommensurable et Savoir vertigineux.

Philippe Pierret, collaborateur scientifique de L'Université Libre de Bruxelles IERL (CP.108), du Musée Juif de Belgique et de la Fondation de la Mémoire Contemporaine (Baron Bloch). Achève son Doctorat avec Gérard Nahon.

La reconnaissance que l'on doit à un maître ne tient pas seulement à la science qu'il nous prodigue. Gérard Nahon est un savant dont la science inspire le respect et l'admiration. Mais ce n'est pas là que réside ce qui fait la différence entre un enseignant et un maître. La transmission de la chaîne du savoir se fait grâce à la rigueur intellectuelle, l'éthique de la recherche, le sens de la pédagogie et la passion de l'enseignement. Ces qualités rares que possède Gérard Nahon, alliées à sa patience et à sa gentillesse extrêmes, créent autour de lui un réseau de fidèles, fiers d'y appartenir, stimulés par la passion commune des études juives, désireux d'être dignes de son enseignement. Je suis heureux de pouvoir lui témoigner ma reconnaissance et mon affection.

Max Polonovski, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée des Plans-reliefs, chargé de mission pour la protection du patrimoine juif au ministère de la culture.

(Monsieur :) Attiré par mon épouse, j'ai suivi le séminaire de Gérard Nahon avec un intérêt grandissant. J'ai pu apprécier ses connaissances universelles sur tous les sujets juifs et surtout sa patience infinie à mon égard. Je lui suis aussi reconnaissant de m'avoir guidé avec compétence et bienveillance , lors de ma soutenance du diplôme post-doctoral sur les juifs à l'époque de la Restauration.

(Madame :)Angliciste de formation, hébraïsante ensuite, j'ai suivi avec passion le séminaire du professeur Nahon à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes durant de longues années. Il nous a appris la nécessité de la minutie des détails, de la précision bibliographique, la chasse aux citations bibliques disséminées, dissimulées, dans les textes étudiés. Sur le plan humain, son hospitalité, sa bienveillance sont sans limites.

Il nous a fait pénétrer l'univers de la vie juive dans la France des Tossaphoth, voyager chez les prisonniers de la Tour Blanche d'Issoudun, parmi les tisserands et les rabbins de Safed au XVIe siècle, les Yeshivoth de Jérusalem et leurs listas, les imprimeurs juifs du XVIlle siècle, et tant d'autres domaines...

Il m'a poussée à mener à bien et a dirigé ma thèse de l'EPHE à partir d'archives familiales sur mon arrière grand-père.

Eliane Roos Schuhl, auteur d'une thèse intitulée « Patrie - Religion » : le grand rabbin Moïse Schuhl (1845-1911), soutenue en 1995 et publiée par les Presses du Septentrion, avec son mari Gilbert Roos, ingénieur civil des Mines, docteur en histoire.

Monsieur Nahon « m'a enseigné par symboles et m'a fait comprendre par analogie ». Il m'a laissé la liberté d'explorer ce qui n'a pas encore pris forme dans un cadre stable et rigoureux. Il m'a appris la prudence et la rigueur dans le domaine scientifique, alliées à la grande liberté d'imaginer et de penser ce qui n'est pas formulé, sans a priori et sans filtre.

Suzy Sitbon, peintre et chercheuse, achève son doctorat avec Gérard Nahon et Mireille Mentré (Université Paris IV) sur « l'interdit de représentation dans le judaïsme et son impact sur la création artistique ».