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Radios : France-Culture
Théâtre : "Ma Vie de Chandelle
Université : nouvelle chaire au Collège de France
Exposition : Rachel au MAHJ

Un déjeuner de rois :

Déjeuner des rois exceptionnel et tardif en ce début d'année, avec des hôtes de marque dont l'écrivain Frédéric de Towarnicki (auteur de Martin Heidegger : Souvenirs et chroniques,Rivages, 1999 ; A la rencontre de Heidegger : souvenirs d'un messager de la Forêt Noire, Gallimard, 1993 ; Ernst Jünger, récits d'un passeur de siècle, Rocher, 2000) accompagné de Nora, et la psychanalyste jungienne Marie-Madeleine Chapuis.  Vive discussion autour de Maître Eckart, dont il fut intéressant de découvrir qu'il écrivait parfois ses sermons pour des couvents féminins ...
 "Les gens devraient moins penser à ce qu'ils font, mais davantage à ce qu'ils sont.[...] La sainteté ne réside pas dans le faire, elle émane de l'être ; car ce ne sont pas les oeuvres qui nous sanctifient, mais c'est nous qui sanctifions les oeuvres".
(Maître Eckart, Conseils spirituels, traduit par W. Wackernagel, Rivages poches, dans une collection remarquable dirigée par Lidia Breda.)haut de page
Retrouver F. de Towarnicki et M-M. Chapuis dans Ma Vie est un Roman.

Théâtre :

Du 3 au 27 mars : "Ma Vie de Chandelle", création de Fabrice Melquiot, mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota, production Théâtre de Reims-Théâtre de la Ville, Paris, joué au théâtre des Abbesses.

Die Wüste wächst, « le désert croît » : la pièce de Fabrice Melquiot fait songer à cette phrase de Nietzsche. Constat de désertification peuplé d’ombres, où le mot supplée à la chose.
De ce constat glacé, de cette terre brûlée, sourde une énergie énigmatique – celle de la femme, organisatrice d’événements « sans précédent » qui s’est éloigné de son mari-assurance pour procréer avec le petit Méphisto « chauffeur de salles », dans un moment de jouissance mal maîtrisé, « l’enfant de la soif ». Car la femme (Valérie Dashwood), avenir de l’homme, a soif. Comme les dieux d’Anatole France, elle a soif. Elle ouvre le frigidaire où s’est réfugiée l’eau source de vie, elle a soif. Elle a soif, dans un monde où les hommes consomment ce que son mari assure – les voitures, les biens, la santé, la vie.
Mais ce n’est pas elle le personnage principal, ou plutôt le montreur d’ombres (Philippe Demarle), c’est notre « chauffeur de salles » qui – les poncifs étant décortiqués dans cette pièce avec appétit, et même voracité – opère son
coming out new look : il est amoureux du mari (Alain Libolt), choisi parce que Monsieur Tout le Monde, car c’est Monsieur Tout le Monde aujourd’hui, et non plus Faust, qu’il s’agit de damner.
Une deuxième pièce, par vague, baigne, lèche, submerge la première, se retire, la contourne – celle du metteur en scène qui l’encoffrète d’images où le visage est plus vrai que le visage, où nous sommes réduits à nos silhouettes, où l’on pénètre tout ce que l’on peut pénétrer aujourd’hui, l’intimité des autres, comme cet homme, prisonnier des ombres qui étreignait chez les Grecs un corps de projection.
Faire l’amour se réduit désormais à froisser les draps et à réciter en prière du soir une litanie cochonne qui n’excite plus personne, mais fait dormir, sinon se reposer. Et la webcam vous traque, et le public est en permanence interpellé, il tient la chandelle, et les écrans vous montrent l’horizon de visages de ceux qui jouent, de ceux qui crient, sifflent, applaudissent, d’eux, de nous, « prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux », disait déjà Ionesco.haut de page
Le metteur en scène, autre figure de Janus avec Melquiot, c’est une fois encore, comme dans
Le Diable en partage, découvert voilà deux ans dans un petit théâtre près de la Bastille, Emmanuel Demarcy-Mota. Un metteur-en-scène qui « infiltre » le texte, comme il l’a fait pour Pirandello (Six Personnages en quête d’auteur) présenté l’an dernier au Théâtre de Reims qu’il dirige. Un grand, l’égal des Pitoëff, Antoine, Dullin d’antan. Un metteur en scène de l’impalpable qui donne sens aux mots : lumières (avec Yves Collet) et couleurs de la scène, à la fois métalliques et chaudes, bande son époustouflante (Jefferson Lambeye), avec des respirations et bruits d’aujourd’hui déchirant les nerfs et l’âme, nous plongeant dans le théâtre qui n’est même plus théâtre puisque tout est représentation.
Et plus que tout, diction. La force des phrases tient en grande partie, outre l’écriture, à la manière dont elles sont dites. La diction des acteurs est remarquable, la moindre syllabe traduit l’intonation.
Quant au corps, il est déploiement dans l’espace, danse de fauve pour le « chauffeur de salles », pantin et mime. Le mimétisme est grand entre le metteur en scène et cet acteur, et même l’auteur, tous trois si jeunes, si beaux, si romantiques, qui pressent le public de questions, qui attendent … quoi ? Même plus Godot. Ils tentent de se dépatouiller de la glue des apparences, d’échapper au faire, de retourner à l’être, de retrouver l’être sous la fibre. Parcours gnostique s’il en est de plonger au fin fond du mal pour parvenir aux sources du bien. Le vaudeville va-t-à volo et … si l’on débranchait ?
Restent trois jeunes fauves (Demarle-Demarcy-Melquiot) qui se font les dents, maîtres ès manipulations, qui semblent avoir mille ans d’âge comme les gens dont le talent transcende les générations. Une pièce peut-être moins forte que Le Diable en partage qui fut un choc et une révélation. Le sentiment qu’avec la règle de trois Melquiot-Demarcy-Mota, on entre dans la cage aux pumas, avec le sentiment de se déranger enfin pour quelque chose.

GRAIN DE SEL Un détail qui ne trompe pas : le public. Récemment, je suis allée voir un épouvantable Britannicus au Vieux-Colombier, et un charmant, bien qu’un peu léger, Jardin des Betteraves de Dubillard, au Théâtre du Rond-Point. Ce fut bobos contre babas (cool), hommes en noir, contre femmes en toile de jute retour de Larzac ou voiles indiens retour de Katmandou, ligne de coke contre fumette et biberon. Aux Abbesses, comme à Reims, un vrai public, tous âges mélangés, toutes origines, avec de vrais vêtements, de vrais visages, de vrais sourires, une vraie joie. Enfin, je suis allée au théâtre !

Texte publié aux éditions de l’Arche.
A Signaler, du 22 mars au 3 avril 2004 : une autre pièce de Fabrice Melquiot (Salât al-janâza, mise en scène d’Elsa Granat) se joue en ce moment au Théâtre-studio, 16 rue Marcellin-Berthelot, 94 140 Alfortville, rés. 01 43 76 86 56.)

EN SAVOIR PLUS

Fabrice Melquiot

Fabrice Melquiot est un jeune auteur qui a déjà beaucoup écrit et pour lequel j’ai éprouvé, voilà deux ans, ce qu’on pourrait appeler un « coup de foudre d’écriture ». En 2002, au Théâtre de la Bastille, le directeur, Jean-Marie Hordé, a monté pour la première fois deux de ses pièces, L’inattendu et Le diable en partage, dans une mise en scène (déjà) d’E. Demarcy-Mota. Je n’ai vu que la seconde, écrite après un voyage en Yougoslavie où il a découvert les personnages principaux, Jorko le Croate (Serbe dans la pièce) et Elma la Musulmane (la Corinne Jaber de l’admirable Bête sur la Lune). Jorko est pendu en ouverture, la tête à l’envers, torturé parce qu’il ne veut tuer ni Croates ni Musulmans, et l’acteur, magnifique (déjà Philippe Demarle), dit son texte pendant tout le début, la tête à l’envers dans ce décor de plans inclinés qui se modifie au fur et à mesure de la pièce. La pièce finit bien, après des pérégrinations éprouvantes, car Elsa et lui se retrouvent à la fin de la guerre pour construire « une maison sans fenêtres ». Cet écriture limpide et en bagarre, cette symphonie des temps et des lieux différents avaient déjà été une révélation de talent neuf, où la mémoire tient lieu de racines. Un souffle et un amour romantique de catacombes balaient la douleur et l’incohérence du monde.

Du coup, je me suis jetée sur la biographie de l’étrange monsieur Melquiot, mais j’ai seulement trouvé qu’il venait de Modane (Savoie) où il est né en 1972 – déjà une ville-frontière quand même. Dans la foulée, je suis allée voir une pièce pour enfants qu’il venait d’écrire, Bouli Miro. En y réfléchissant, cela résume assez bien certains de ses personnages, réduits à être miro parce que boulimique, d’ailleurs, dans la dernière pièce (Ma vie de chandelle), un personnage vomit sur scène. Dans Bouli Miro, où maman vous prend pour un bilboquet, où tata est nympho et où l’on pleure les larmes « du ventre tordu », on tord le cou aux expressions toutes faites (comme ailleurs aux clichés).
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Melquiot a commencé comme acteur dans la troupe d’Emmanuel Demarcy-Mota, la Compagnie des Millefontaines. Il a commencé à publier ses premiers textes pour enfants, ou plutôt écrits dès l’enfance, à l’Ecole des Loisirs, a reçu le Grand Prix Paul Gilson des radios publiques de langue française et le Prix européen de la meilleure œuvre radiophonique pour adolescents, à Bratislava. Au printemps 2001, il publie L’inattendu, Percolateur blues (lecture sur France-Culture, 4 septembre 2001) et la Semeuse, à l’Arche. Au printemps suivant, chez le même éditeur, Kids et Perlino Comment inaugurent la collection théâtre jeunesse.

Sabrant l’espace d’une écriture elliptique, fille du zap et de l’image, du clic et des claques, les questions de Fabien Melquiot font sans doute écho au nouveau monde : Que devient le D. dans un monde où Dieu est mort ? Qu’est le Mal quand le Bien se cache sous les roseaux ?

Emmanuel Demarcy-Mota

En 1989, Emmanuel Demarcy-Mota, fils de metteur en scène, a créé sa compagnie du Théâtre des Millefontaines avec un groupe d’élèves du lycée Rodin à Paris, où il étudie. Il suit ensuite des cours de philosophie à l’universitéRené Descartes et déjà présente des travaux sur Ionesco et son Rhinocéros, sur Pirandello et ses Six Personnages en quête d’auteur, sur Wedekind et L’Eveil du printemps. Puis en 1994, il crée au Théâtre de la Commune, où il reste un bon moment, L’histoire du soldat de Ramuz. En 1996, il crée Léonce et Léna de Büchner dans une traduction nouvelle de François Regnault à laquelle il a participé.

Pour sa mise en scène de Peine d’amour perdue de Shakespeare (traduit encore par F. Regnault), il reçoit le Prix de la révélation pour 1999 du Syndicat National de la Critique Dramatique et Musicale. La pièce marque la collaboration avec le scénographe Yves Collet et le compositeur Jefferson Lembeye, dont nous avons pu admirer le travail dans la Vie de Chandelle.

Parallèlement la troupe s’est investie dans un travail avec le public, animant des ateliers dans les collèges, les lycées ou même l’hôpital psychiatrique. Ayant pour désir de communiquer sa passion du théâtre à un public jeune, E. D-M crée un version jeune public de la pièce de Shakespeare, Un Conte d’amour. Après deux autres créations, l’une au Théâtre de la Commune (Marat-Sade de Peter Weiss), l’autre au Théâtre de la Ville (Six Personnages en quête d’auteur de Pirandello), E. D-M est nommé directeur du Centre Dramatique national de Reims.
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Le désir de traduire, d’adapter pour un public plus jeune, aux mots différents, de trouver un « lieu commun » au contexte et aux horizons les plus divers de ce qui pourrait vite tourner au langage de Babel, la rigueur de moine de cet homme jeune consumé du désir de donner et de communier, son alliance avec des êtres qui lui ressemblent dans un jeu de miroir qui échappe à tout narcissisme, emporte le spectateur qu’il épouse de ses lumières et de ses sons, qu’il tire imperceptiblement vers « l’action » et non plus la seule passion, dans un univers où l’on retrouve le théâtre des Mystères et des origines, où la contemplation conduit à la réflexion au-delà des apparences.

Lundi 15 : « Les aléas de l'histoire », entretien avec Laurent Deshayes, auteur de l'Histoire du Tibet (Fayard)

11 mars : nouvelle chaire au Collège de France.

Leçon inaugurale de Henry Laurens au Collège de France. Chaire : « Histoire contemporaine du Monde Arabe ».
Henry Laurens, qui vient de publier L’Orient arabe à l’heure américaine. De la guerre du Golfe à la guerre d’Irak. chez Armand Colin, est l’auteur de plus d’une dizaine de livres dont L’Expédition d’Egypte, Lawrence en Arabie, Le Royaume impossible : La France et la genèse du monde arabe, Le Retour des Exilés – la lutte pour la Palestine de 1869-1997, La Question de Palestine, tome 1 (L’Invention de la Terre Sainte, 1799-1922), tome 2 (1922-1947), qui est une trilogie sur les origines du conflit entre Israël et les Pays arabes, à travers des textes et des témoignages.
Esprit brillant, né à Neuilly d'une famille originaire de "la plaine entre Béziers et Bédarieux", H. Laurens fut l’un de mes deux directeurs de thèse quand il enseignait à l’INALCO (Institut des Langues et Civilisations Orientales). J’ai reproduit certains de ses textes et esquissé son portrait dans mon site (Université et Ma Vie est un Roman). Je l’ai revu brièvement à Beyrouth, alors qu’il exerçait ses fonctions de directeur scientifique des Etudes Contemporaines du CERMOC (Centre d’Etudes et de Recherches sur le Moyen-Orient Contemporain), dans une jolie maison blanche et désuète, enclavée dans les dépendances de l’ambassade de France. Ses cours, nourris de science et de rêve, provocants parfois, ne peuvent manquer d’attirer un public intéressé par les questions du Moyen-Orient. On peut le retrouver dans http://www.antebiel.com/roman/index-roman.html (cliquer sur "personnages", puis ordre alphabétique "L")

Collège de France, 17h 30, brouhaha. Nous sommes rue des Ecoles, à deux pas de la Sorbonne, Paris. Un ancien ministre (B. Kouchner), quelques commentateurs ou journalistes politiques ( J. Lacouture), quelques professeurs de renom (comme D. Trimbur, A. Dieckoff, ou F. Georgeon qui vient de publier une remarquable biographie du sultan Abdul Hamid II), un public de choix dont quelques jolies femmes et quelques galants encore verts, dans l’amphithéâtre Marguerite de Navarre. Henry Laurens est conduit à la tribune par, si j’ose dire, le corps de ses pairs – éminemment masculin.haut de page

Il retrace rapidement un parcours qui a commencé non loin de là, au lycée Louis-le-Grand, son entrée en 1991 à l’Inalco, son séjour récent à Beyrouth. Brosse un tableau de l’Orient, support de mythes nombreux, du temps passé ou présent, entraînant nombre de « risques et mérites » pour l’historien du monde arabe contemporain.
Dans le sillage d’Edouard Saïd, il s’inscrit, semble-t-il, dans un refus d’opposer Orient et Occident, Islam et Chrétienté ou d’accepter comme fatal un « conflit de civilisation ». Sa chaire, insiste-t-il, voudrait œuvrer à « reconnaître l’autre et accepter qu’il vous change. »
Là, je songe brièvement à Saint-François Xavier et à la découverte de ce que les jésuites appellèrent « l’inculturation ». Quant François fait la connaissance d’un Japonais qui lui inculque les usages de son pays et le transforme pour qu’à son tour il puisse évangéliser les autres, selon leur mode à eux …
Après avoir évoqué les ombres de Renan, Le Châtelier (dont la chaire de Sociologie, Sociographie du Monde Musulman, en 1903, fut financée par le Gouvernement d’Algérie et le Protectorat marocain), Massignon (qui parlait d’une « science esthétique de la compassion »), Montagne ou Jacques Berque, H. Laurens a rappelé les mots de ce dernier évoquant ce moment où, dans le contexte d’une « unité de l’espèce humaine », « les Arabes auront rejoint le cortège de tous. »
Les cours de cette année, annonce-t-il, prendront pour point de départ l’année 1948, et tenteront de tracer la fresque d’une histoire des Etats arabes, et de la situation très particulière de la Palestine où se mêlent plusieurs facteurs explosifs, troublant souvent la sérénité d’un enseignement historique – le sacré, la
shoah, la période de colonisation/décolonisation des grandes puissances d’antan.
L’un des passages les plus passionnants (et les plus originaux) des recherches de Henry Laurens, a toujours été son travail sur l’historiographie et les sources, qu’une fois encore il évoque : la plupart des archives sont gardées à l’extérieur des pays arabes, en particulier en Angleterre et en France. Le circuit international – Angleterre, France, Etats-Unis … - est le terreau de l’historien. Le circuit national, en général, mêle, dans les rapports, les Mémoires et autres textes disparates, « le meilleur et le pire ». Or, dit-il, celui qui ouvre les archives influe sur l’interprétation.
L’historien du Moyen-Orient serait, pour Laurens, comparable à l’aventurier du XIXe siècle : « Pour s’orienter, la carte du savoir reste grossière ». Et l’essentiel du défrichement des sources reste un champ ouvert.


Philipe Cornu annonce la diffusion de ses cinq émissions sur le Tibet, Pays des neiges sur France-culture du 15 au 19 mars, à l'émission "Les chemins de la connaissance", à 13h30 et à 0h30 chaque jour de la semaine.haut de page
Mardi 16 : « Une culture en péril », entretien avec Françoise Pommaret, tibétologue, chercheur au CNRS, auteur de Tibet, une civilisation blessée, aux éditions Gallimard collection Découverte, et de Lhasa, capitale des dalaï lamas, chez Olizane.

J’ai fait la connaissance de l’ethnologue et anthropologue Françoise Pommaret au moment où je préparais un livre en suspens) sur La Géographie de l’Au-delà, avec l’historien Jacques Le Goff. Françoise m’avait alors donné sa thèse sur Les revenants de l'au-delà dans le monde tibétain, une thèse érudite, poétique, passionnée. Nous nous sommes revues de temps à autre et c’est elle qui m’a fait connaître les restaurants indiens du Passage Brady. Spécialiste du Bhoutan, où elle a vécu de longues années, avec des retours à Paris, organisatrice de festivals et d’expositions à travers l’Europe, travailleuse et voyageuse intrépide malgré sa minceur et sa fragilité apparentes, Françoise Pommaret m’a toujours paru de ces êtres qui vous communiquent par leur présence une bouffée d’infini.
http://www.himalayanart.org/search/set.cfm?setID=185 : Collection de photos de F. Pommaret sur le site du Musée virtuel de l’art d’Himalaya et du Tibet.

15 au 19 mars 2004

Du 3 mars au 31 mai 2004 : "Rachel (1821-1858). Une vie pour le théâtre". Exposition au MAHJ, en partenariat avec la Comédie Française. 
Lundi au vendredi de 11h à 18h, dimanche de 10h à 18h. Hôtel de Saint-Aignan, 71 rue du temple, 75 003 Paris. www.mahj.org

La première star du théâtre européen.  Celle dont la devise fut "Tout ou Rien" et qui mourut adulée, à 37 ans. Celle qu'admirèrent éperdument pour sa passion et son naturel dans des rôles comme Phèdre ou Camille, Musset ou Stendahl, Charpentier ou Delacroix, celle qu'aimèrent passionnément le duc Paul de Noailles, le Prince de Joinville François d'Orléans, Alexandre Florian Colonna Walewski, Girardin, Arago, Arthur Bertrand, le Prince Napoléon.

C'est une exposition pleine de surprise, où l'on découvre, par exemple, dans une série de bustes de Danton le Jeune (1800-1869) que le poète Théophile Gautier avait une tête lourde adornée de bacchantes à la Vercingétorix, que le député, puis ministre Adolphe Crémieux n'était pas doté du petit nez tout écrasé dont le dotait dans une lettre perfide Betty de Rothschild qui me l'aimait guère, mais un nez relevé à la Parisienne, que Victor Hugo jouait de la moue, et que Rachel pouvait faire des pieds de nez (photo de Charles Nègre, en 1853).

Le magnétisme de Rachel, d'après les tableaux, dessins, daguerréotypes, naît semble-t-il, de l'opposition entre un visage d'un ovale extrême, comme s'il avait été pressé entre des livres, et d'une regard d'une force tragique incroyable. Tout est en retrait chez Mlle Rachel, comme le montre un tableau de 1850 de Edouard-Louis Dubufe, le menton, la petite bouche aux lèvres étroites et serrées - celle de dessous plus dodue, celle du dessus griffée en coup de crayon -, les sourcils têtus rapprochés,les yeux si tristes et si noirs plus écartés, le nez long et mince. Sur les bustes comme sur son portrait par Gustave Staal, on découvre le caractère oblique du front très en arrière et du profil romain à lignes de fuites en diagonale. Une caricature de Cham (Amédée-Charles-Henri, comte de Noé) dans le
Charivari accentue le bombé du front. Le pied était tout menu, si l'on en juge la paire de cothurnes exposée ou les escarpins de Bajazet.

haut de page Née le 28 février 1820 en Suisse, dans une famille de colporteurs alsaciens, Elisa Félix Rachel et sa soeur eurent une vie de chien dans les rues des villes à mendier et chanter pour rapporter de la menue monnaie à un père qui les traitait durement (il avait quatre autres enfants). Le 24 janvier 1837, Rachel est engagée au Gymnase, prise en main par l'un des plus grands comédiens du temps, Samson (1793-1871). L'année suivante elle entre comme pensionnaire à la Comédie Française. Le père va tant et si bien faire que la rupture sera vite consommée entre Samson et son élève. Dans
l'épître de Samson à Rachel, en 1839, Samson lui rappelle qu'il lui a tout appris, "le secret des grands airs et celui des migraines". En 1848, Rachel, au faîte de sa célébrité, entonne, ou plutôt récite la mélopée de la Marseillaise. Elle a 27 ans. Dix ans plus tard, elle meurt.

Le charme de cette époque perdure à travers un tableau de Valérie Ancelot (1792-1875), montrant, vers 1841, dans son salon, Rachel lisant une scène d'Andromaque. Au milieu de la foule qui l'écoute, on reconnaît Châteaubriand, la main dans le gilet à la Napoléon, Mme Récamier son grand amour, mais aussi Tocqueville et Tourgueniev. L'amour de l'art qui fut celui de ce temps peut s'apprécier lorsqu'on contemple la couronne de lauriers d'or offerte à Rachel par la ville de Lyon.

DERNIERE MINUTE !

Tiens,tiens, une lectrice m'envoie l'information suivante : malgré les grands discours (et votes) sur la parité, nos amis roses n'ont qu'une femme présidente de région, Ségolène, poil au bas de laine. Y en avait pas trois auparavant ?

Tiens, tiens, le Président de la République ki-défan-les-valeurs-de-la Franc' ne fait plus jouer la Marseillaise quand il jabote officiellement ?

Est-il vrai que sur Europe I, juste avant les élections régionales, croyant tout micro éteint, le député Lang ait lancé au député Dray qui l'interrogeait sur le programme à mettre en place : "Dans les collèges, il faut foutre la merde" (sic)? C'est du moins ce qu'a répercuté Laurent Ruquier, le vendredi 25 mars dernier, dans son émission "On a tout essayé" d'avant le journal sur la chaîne 2 de la télévision nationale. Aspasie a hésité à parler de tout ça, son journal n'étant pas un journal politique, mais drôle (mais enfin, Laurent Ruquier est drôle aussi ...). Et puis elle a ri, tant tout cela lui paraissait, vu sous un certain angle, vaudevillesque et courtelinesque. Quelques bruits de couloir semblent indiquer que la gauche française s'est lancée dans une nouvelle "chasse au snark", comme disait l'auteur d'Alice aux pays des merveilles, brandissant tous les clichés ("reconquête de l'espérance", "les forces vives" du pays, "retrouvailles" de la gauche). Je vous laisse découvrir la dernière et inénarrable phrase du camarade Cambadélis, comme la maxime du nouveau Sapeur Camembert, le camarade Weber ; ci-après, donc, dépêche (comique) AFP reflétant la dernière préoccupation à la mode dans la gauche française : trouver un programme. Nota Bene : c'est une lectrice qui nous a communiqué la dépêche. Notre seule politique étant de lire vraiment ce qu'on nous propose et de tout déchiffrer au pied de la lettre, nous encourageons votre participation à cette tribune (ou à celle des surfeurs). Envoyez-nous vos "preuves à l'appui" :

Construire un projet pour l'alternance, un défi pour la gauche française (extrait citation)
haut de pagePARIS (AFP)
Le traumatisme du 21 avril 2002 désormais levé, la gauche va maintenant s'attaquer à un nouveau défi : la construction d'un "projet pour l'alternance" de 2007, que François Hollande a promis dès dimanche soir d'accélérer.
[...]Conscient, de son propre aveu, des "limites" du vote de dimanche, largement inspiré par le rejet du gouvernement Raffarin, le patron du PS va donc engager "la reconquête de l'espérance". L'ambition, selon M. Hollande, est d'aboutir d'ici l'automne 2005 à un projet socialiste neuf et préparé avec "les forces vives" du pays, une méthode et un calendrier que tout le parti partage jusqu'à présent.
Le PS estime avoir apporté la preuve à ses partenaires communistes et Verts qu'ils avaient tout intérêt à faire cause commune avec lui. "Quand le flot monte, toutes les embarcations montent", aime à dire Henri Weber, un proche de Laurent Fabius. [...] Au mois de novembre, François Hollande a lancé le concept de "nouvelle alliance" avec un fort contenu programmatique, puis fait la proposition, renouvelée il y a quelques jours, d'un "comité de liaison" de la gauche.
L'architecte de l'ex-gauche plurielle, Jean-Christophe Cambadélis, préconise une "maison commune de la gauche en comprenant que tout le monde ne veut pas vivre dans la même pièce".
Pour essayer d'avancer, le PS a commencé de mettre en avant le concept de "démocratie participative", l'une des recettes du triomphe de Ségolène Royal en Poitou-Charentes. C'est-à-dire d'un aller-retour constant entre élus et électeurs , censé permettre de rester en prise avec les attentes populaires.
Cette démarche, chère aux écologistes, rejoint pour partie celle des "forums citoyens" préconisés par le PCF pour reconstruire une union en partant du terrain. [...] La marginalisation de l'extrême gauche au soir du 21 mars favorise aussi les retrouvailles de la gauche. Son poids "est maintenant devenu compatible avec l'affirmation d'un réformisme assumé", juge le député Cambadélis.

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