Séminaire ininterrompu ... un enseignement restitué

L'AUTEL DE L'IMPRIMERIE,

L'APPROBATION RABBINIQUE DU LIVRE A JERUSALEM AU XVIIIe SIECLE.

Introduction


Jacob b. Juda Landau, talmudiste allemand que les malheurs du temps conduisirent en Italie vers la fin du XVe siècle y travailla comme correcteur d'épreuves dans une imprimerie hébraïque récemment ouverte à Naples. Vers 1490 il produisait un ouvrage de son cru, le Sefer ha-Agur, Le Livre d'Agour ( cf. Prov. 30:1) un recueil halakhique - selon la norme rabbinique - de pratique journalière et de droit civil. Afin de promouvoir le fruit de son labeur, il mit à contribution huit de ses savants collègues Juda Messer Leon, Jacob b. David Provençal de Marseille, Ben-Sion b. Raphaël Daguet, Isaac b. Samuel-Hayyim l'Espagnol, Moïse b. Shem Tov Ibn Habib, Salomon-Hayyim b. Yehiel-Raphaël Cohen, Nathanaël b. Lévi de Jérusalem, David b. Juda Messer Léon. Tous lui accordèrent un visa élogieux. qu'il imprima en guise de colophon en fin de volume.

Pure innovation éditoriale ? le livre hébraïque médiéval n'en comportait pas ?, cette réclame acquiert au terme d'une génération une charge règlementaire et bientôt halakhique, c'est-à-dire issue de la norme rabbinique. Le Sefer ha-Bahur, la grammaire d'Elie Levita parait pourvu d'un ktav ha-dat ou rescrit émanant d'un tribunal rabbinique de Rome constitué le 10 septembre 1518 par Israël b. Yehiel Ashkenazi, Sabbatai b. Mardochée et Joseph b. Abraham Hagari. cet acte interdit, sous peine d'excommunication, à quiconque de réimprimer l'ouvrage durant dix ans 1.

Vocable juridique, la haskama ou accord s'imposera par la suite désignant une délibération rendue par une communauté juive. Appliquée à un livre imprimé, la haskama lui confère licéité et légalité en même temps que brevet d'excellence. Elle fournit surtout une protection face au risque de contrefaçon au livre reconnu pour sa valeur qui a nécessité un investissement lourd: . La haskama lui dispense un privilège interdisant pour une période donnée ( de cinq à vingt ans) toute reproduction non autorisée par l'auteur. Le précepte négatif hasagat-gevul énoncé en Deut. XIX: 14: " Ne déplace point la borne de ton voisin, telle que l'auront posée les devanciers, dans le lot qui te sera échu, sur le territoire dont le Seigneur ton Dieu, t'accorde la possession ", assorti d'une malédiction frappant un éventuel transgresseur? " Maudit, celui qui déplace la borne de son voisin! Et tout le peuple dira: Amen! " ( Deut. XXVII: 17 ) ? s'étend à l'imprimerie. L'injonction biblique s'appliquait aux parcelles de la terre d'Israël réparties au temps de Josué. Son extension à l'extérieur du pays découle, selon Rashi, du huitième commandement proscrivant le vol ( Exode XX: 8). L'imprimerie devenue une catégorie religieuse, s'appropriant les expressions talmudiques melekhet-shamayyim, métier céleste ( Eruvin 13 a) et melekhet-ha-qodesh, métier de sainteté appliquées à l'écriture à plusieurs plumes ( Yoma 38 b) générait une législation spécifique2 .

Protection du livre d'abord, copyright avant la lettre, la haskama s'incorpore aussi le contrôle du livre après la confiscation et le brûlement du Talmud en 15533 . Le synode rabbinique réuni à Ferrare le 21 juin 1554 rend alors obligatoire pour toute impression hébraïque une approbation écrite de trois rabbins et du parnas ou syndic de la communauté sous peine d'une amende de vingt cinq écus d'or sanctionnant l'acquéreur d'un livre non autorisé. Par cette censure préalable, on se prémunit contre le risque de diffuser un écrit susceptible de provoquer les foudres des autorités chrétiennes. Plusieurs communautés insèrent un tel contrôle dans leur règlementation interne. La Nation portugaise d'Amsterdam formule en ce sens l'article XXXVI de son règlement de 1639: " Nul juif ne pourra imprimer dans cette ville ou ailleurs des livres en ladino ou hébraïque sans l'autorisation expresse du Mahamad [ conseil drigeant] de façon qu'ils soient revus, et corrigés, sous peine de perdre tout en faveur de la Sedaca [ charité, en fait la caisse communautaire] "4 . Nombre d'autorisations d'imprimer furent résolues en Pologne par le Vaad arba ca ha-arasot, le Conseil des Quatre Pays, autorité représentative des juifs de Pologne. La tourmente sabbatéenne des années 1665-1666 convainquit les dirigeants communautaires de resserrer le contrôle des livres afin de prévenir les dérives messianiques5. Aussi le XVIIIe s. se révèle-t-il comme le grand siècle des haskamot.

Label, privilège, certificat d'innocuité, la haskama accompagne en principe toute publication hébraïque. Elle acquiert bientôt un statut de fait de genre littéraire. Elle développe un programme et se décline en vers ou en prose rimée avant d'expliciter son objectif fondamental à savoir la proscription de la concurrence et la fulmination de peines spirituelles à l'encontre du contrevenant potentiel. Le dispensateur de haskama se trouve-t-il dans l'incapacité de lire le manuscrit dans son intégrité? Il n'en compose pas moins un éloge appuyé, sophistiqué, bourré de citations bibliques et talmudiques où sa virtuosité se donne libre cours. Par leur nombre, par la diversité de leurs auteurs et de leurs discours, les haskamot6 offrent paradoxalement un espace de liberté d'expression unique, démesuré parfois. Entre 1499 et 1850, un repérage ancien et sans doute incomplet comptait quelque 3.662 haskamot , une littérature qu'on souhaiterait appréhender dans on entiéreté, grâce à laquelle se définiraient les tendances récurrentes des autorités rabbiniques d'une époque.

Nous retenons ici le paradigme hiérosolymite du XVIIIe siècle. Ce choix se justifie certes par la primauté de la Ville Sainte sur la diaspora, trois siècles après l'expulsion des Juifs d'Espagne au cours desquels le peuplement de la Terre sainte s'est accru et singulièrement la fraction rabbinique de ce peuplement. Il concerne un milieu homogène, presque exclusivement sefarade accru par une immigration croissante après la destruction en 1720 du quartier et du milieu ashkénaze. Jérusalem incorporant des immigrants en nombre venus d'Orient et d'Occident apparait plus, que toute autre communauté, représentative des divers courants de la diaspora au XVIIIe siècle. Jérusalem fournit aussi à la littérature hébraïque une contribution d'une richesse sans précédent et sans homologue dans la diaspora. Militerait contre ce choix l'absence d'imprimerie à Jérusalem jusqu'en 1840, une carence que comblaient les presses hébraïques de Salonique à Venise, d'Istanbul, de Smyrne d'Amsterdam, voire de Francfort ou de Zulzbach où s'imprimaient les livres écrits à Jérusalem. Mardochée b. Juda Leib Ashkenazi livra ainsi à l'impression à Fürth en 1701 le Sefer Eshel Abraham, des commentaires du Zohar et des doctrines kabbalistes révélés en Italie à son maître Abraham Rovigo. Originaire de Metz, Tobie b. Jérémie-Moïse Narol imprimait à Venise en 1706 le Sefer Macasseh Tuvya, une encyclopédie scientifique. Moïse b. Jacob Hagiz, polémiste prolifique produisait à Amsterdam en 1714 deux brûlots contre le sabbatéen Néhémie Hayun, Iggeret ha-qena'ot et Shever Poshe'im. L'approbation atypique certes des rabbins de Jérusalem - elle ne visait pas une imprimerie locale - accompagnait tant les oeuvres propres de son terroir que celle du dehors. Lowenstein compte deux cent dix-sept approbations individuelles ou collectives émanant de soixante-neuf autorités rabbiniques.


Dans l'empire des sultans ottomans Ahmed III (1703-1730), Mahmud Ier ( 1730-1754), Osman III ( 1754-1757), Mustafa III ( 1757-1773), Abdul Hamid Ier ( 1773-1789) Sélim III( 1789-1807), Jérusalem fait partie d'un sanjak (district) du même nom dépendant de l'Eyalet ou gouvernorat de Damas. Le vali ou gouverneur administre l'Eyalet, le mütesellim représente le vali dans le sanjak. Faute de recensements, on se contentera d'estimations de la population juive de la Ville Sainte. Les chiffres fournis par les voyageurs varient de quelque mille à vingt âmes et paraissent fantaisistes. Cependant ils reflètent des variations démographiques significatives. Des calamités naturelles fréquentes entraînent des fuites, des exodes. Aux épidémies de 1701-1702, 1732, 1741, 1748, 1757, 1773, 1799; s'ajoutent un tremblement de terre en 1759 et surtout des disettes dues à la sécheresse en 1712-1714, en 1748, en 1772. Nombre d'habitants se réfugient alors dans les villages en attendant des jours meilleurs. Lorsque la pression fiscale devient intolérable comme il arriva au temps d'Utmân Pacha al Kurji, vali de Damas entre 1760 et 1771, les notables se retirent loin de Jérusalem, jusqu'en Egypte. A partir de deux registres de comptabilité de la communauté juive ( 1760-1763) où il trouve neuf cent onze individus nommément désignés et en adoptant un coefficient de quatre personnes par foyer Jacob Barnai estime la poputation juive entre 2.800 et 3.000 âmes pour un chiffre global de situé entre 12.000 et 15.000 âmes. Encore cette estimation ignore-elle les pauvres qui ne paraissent pas dans ces registres7 .

Au début du XVIIIe siècle le médecin Mardochée Malqui comptait moins de mille juifs dans la ville8 . Une immigration continue renforça par la suite la population locale, elle-même accrue par le déclin relatif de Safed. Outre les arrivées d'individus et de leurs familles de véritables mouvements collectifs avaient suivi. Plusieurs vagues d'immigration avaient gonflé les effectifs. Un contingent conduit par Juda Hassid et le sabbataïste Hayyim Malakh avec femmes, enfants et rabbins venus de Pologne, de Moravie et de Hongrie, aidé financièrement par le banquier viennois Samuel Oppenheim s'installait à Jérusalem à l'automne 1700. Deux ans plus tard, débarquaient de Modène avec disciples et familles au nombre de vingt cinq personnes Abraham Rovigo et Mardochée Ashkenazi. En 1740 R. Eleazar Roqeah de Brody, installé d'abord à Safed était venu avec les siens à Jérusalem. En 1741 plusieurs familles suivaient Hayym b. Moïse Ibn Attar originaire de Salé au Maroc. Avec une suite de trente personnes, il était passé en Italie où son groupe s'était acru avant de gagner Jérusalem. Il y fonda la yeshiva Knesset Israël, Assemblée d'Israël. C'était le plus fort courant d'immigration de la période. Cette année là dans un appel à l'aide de la diaspora les rabbins expliquent que autorités turques confrontées à une population juive de dix mille âmes envisagent son expulsion pure et simple9 . Dans le dernier quart du XVIIIe siècle s'installaient encore à Jérusalem des disciples du Baal Shem Tov et du Gaon de Vilna. Le courant d'immigration devint un trait permanent du peuplement juif de Jérusalem10 . Une chronique de la deuxième décennie du siècle relatant la tragédie provoquée par la petite vérole vers 1722 déplore la mort de cinq cents enfants des écoles élémentaires, un chiffre considérable et renvoyant à une forte population juive.

Cette croissance démographique s'explique en partie par une amélioration de la situation économique. Après des années de crise due à la quasi faillite de la communauté juive, endettée et incapable de faire face à la fiscalité turque, survirent quelques bonnes années entre 1730 et 1760. En 1722 sommés de verser 91.000 kurus en quatre-vingt onze jours, les notables de la Ville Sainte avaient dépêché à Istanbul Raphaël Beckhor Samuel Meyuhas. Istanbul avait créé un Comité, le Waad Peqidé Eres Israël be-Qushta, la Comité des Officiers de la Terre Sainte à Istanbul. Le Waad négocia avec la Sublime Porte les termes d'un moratoire de la dette, établit un impôt hebdomadaire d'une para sur tous les juifs de l'Empire et hors de l'Empire et prit le contrôle des finances et de la communauté de Jérusalem. Une période d'expansion s'ensuivit: la fièvre de construction du secteur privé gagna le secteur public, les salaires des officiers communautaires augmentèrent plus vite que les ressources et Istanbul dût imposer des lois somptuaires à Jérusalem devenue sa filiale11 .

La croissance profitait à un secteur de la communauté juive : l'élément rabbinique devenu prépondérant et jouïssant d'une exemption fiscale. Tout talmid hakham, même fortuné n'ayant d'autre occupation que l'étude de la Tora était exonéré d'impôt à l'exception de la capitation. La preuve incontestable de la qualité de talmud hakham résidait dans l'immatriculation à une yeshiva ou académie rabbinique. A l'avantage fiscal s'ajoutait la aspaca ou allocation qui découlait de la qevi'ut ou titularisation. Immigraient de Safed, des villages de Galilée ou de Judée ainsi que des pays étrangers nombre de pieux disciples sensibles à ces avantages. Certains obtenaient d'un mécène de Livourne, d'Istanbul, d'Alger ou d'Amsterdam la création et l'entretien d'une yeshiva à Jérusalem dont ils seraient le rosh ou régent. On adopta une mesure drastique interdisant la venue dans la ville Sainte de célibataires âgés de vingt à soixante ans, mesure qui laisse perplexes les commentateurs. S'agissait-il vraiment d'endiguer la licence des moeurs, de réduire le nombre des femmes seules, de décourager l'immigration de jeunes gens à la charge des finances publiques? Un milieu proprement clérical parvenu à la ;prépondérance dans la gestion communautaire se fermait-il aux nouveaux venus?.

Le lieu géométrique de la vie rabbinique, la yeshiva ou académie avait essaimé. Les fondations s'ajoutaient aux fondations, dotées de budgets couverts par des subsides venus du dehors et de règles élaborées par les fondateurs. Ces règles définissent l'emploi du temps, les matières et les livres enseignés, la discipline interne, le silence parfois, l'assiduité obligatoire, la composition et la publication d'ouvrages halakhiques. Le tout sous peine d'un avertissement, d'un rapport au fondateur et en désespoir de cause de suspension de l'aspaca. Jacob Israël Pereira d'Amsterdam fondateur de la yeshiva majeure Bet Yahacob, Maison de Jacob ( cf. Isaïe 2 :5), consignait en portugais et livrait à l'impression la Règle de la yeshiva. Cette règle donna le ton à celles d'une trentaine de yeshivot ouvertes au XVIIIe siècle grâce à des appuis extérieurs: celle d'Abraham Rovigo ( Modène 1702), Bet-El, Maison de Dieu ( Gen. 28:19), de Gedalya Hayon ( 1737), Haverim maqshivim, ( les amis sont tout oreilles, Cant. 8:13) de Raphaël-Emmanuel Haï Ricchi (Modène 1737), Neweh Shalom-Brit Abraham, Oasis de Paix, Alliance d'Abraham ( Isaïe 32:18, Gen. 14:13) d'Isaac de Mayo ( Istanbul 1738), d'Abraham-Benjamin de Francia ( Bordeaux avant 1739)12 Yefaer Anawim, Il [ Dieu] pare les humbles ( cf. Ps. 149:4) de Joseph, Raphaël et Abraham Franco, Livourne 1741, Knesset Israël, Assemblée d'Israël, de Hayyim b; Moïse Ibn Attar ( Salé, Meknès, Livourne 1743), Bet Abraham, Maison d'Abraham ( Gen. 17 :23, Istanbul 1747), Hessed le-Abraham u-vinyan Shelomo (Cf. Michée 7:20), Grâce à Abraham et édifice de Salomon, Salonique 1747), Gedulat Mordekhay, Grandeur de Mardochée ( cf. Esther 10: 2, Maroc 1750), Cardoso ( Bayonne c. 1751), Damesseq Eliézer, Eliézer le Damascène ( Gen. 15 :2, Istanbul 1758), Magen David, Défenseur de David ( La Haye 1767), Marpeh la-nefesh, Guérison de l'âme, cf. Prov. 16:24) de Raphaël Peixotto ( Italie 1797). Une liste - d'ailleurs incomplète- des yeshivot et de leurs membres dressée en 1758 fournit les noms de cent quatre vingt Sages qui s'y rattachaient, un chiffre considérable: si l'on tient compte de leurs familles, on arrive à un segment communautaire Jérusalem d'un millier d'âmes13 .

Une partie notable de la population vivait de l'étude de la Tora au sein d'une yeshiva. Les contemporains en avaient pleinement conscience qui comparaient la mutation survenue en leur temps à celle consécutive à la destitution de Rabban Gamliel II ( c. 80-111) Hahu yoma itosefu kama safselé, ce jour là s'ajoutèrent nombre de bancs ( Berakhot 28 a). Alors s'était substituée au numerus clausus jusqu'alors imposé par le maître une large ouverture aux postulants: auxquels on offrit entre quatre cent et sept cent places neuves14 . Devenu un topos le thème hahu yoma refait surface dans la Jérusalem des Lumières. Le rabbin Mardochée-Joseph Meyuhas rapporte dans une consultation vers 1790: " Par la miséricorde divine se sont ajoutés kol rina ( c'est à dire en gématria trois cent cinq) bancs de disciples des Sages, et plus encore ". Il fait écho à une remarque déjà ancienne des Peqidé Qushta dans une lettre adressée à Samuel Laniado à Alep en 1740: Nitosefu cama safsele we-nityasedu kama yeshivot qedoshot be-cIr ha-Qodesh, se sont ajoutés nombre de bancs et nombre de saintes académies dans la Ville Sainte15 .

L'article 14 des Escamoth do Esguer Beth Jahacob de Jerusalaim, la Règle de Bet Yahacob arrêtée en 1690 stipule: " Dans le grand Medras [ Classe] on doit étudier toute la semaine la Halakha avec Rashi, les tossafot et les décisionnaires. Le Sabbat on délivrera alternativement un sermon et un Pesak [ décision halakhique]. Les dits sermons et Pesakim, les huit messieurs du grand Medras [ Collège] seront obligés de le délivrer tour à tour, Monsieur le Régent indiquant quinze jours à l'avance, le thème du Pesak: une fois sur les questions de droit civil, une autre fois sur le licite et le prohibé. Tous devront l'étudier, mais seul celui dont ce sera le tour sera obligé de le mettre en forme par écrit. Monsieur le Régent corrigera. les dits Pesakim et s'il lui paraît qu'ils sont bons pour l'impression, ainsi que les sermons, il nous les enverra afin que je les fasse imprimer au nom de leur auteur, et de même les Novellæ, que Monsieur le Régent et d'autres messieurs trouveraient dans ce qui s'enseigne" 16.

Invite à l'écriture, incitation à la publication, cet article sera-t-il crédité de la production livresque intense de Jérusalem au XVIIIe siècle? On serait tenté de répondre par la négative car les livres effectivement imprimés à Amsterdam par les soins du fondateur ou de ses exécuteurs testamentaires restent minoritaires dans un catalogue de la librairie hiérosolymite. Pourtant les frontispices, préfaces et introductions de livres imprimés à Constantinople, à Salonique ou à Venise font uniment le panégyrique de Jacob Péreyra et de la yeshiva où les livres ont été conçus et rédigés. L'article 14, s'il ne s'appliqua pas toujours à la lettre, encouragea certainement l'écriture: les imprimeurs en quête d'auteurs les trouvèrent nombreux à Jérusalem.

Par nécessité académique, par souci de carrière, par inspiration théologique ou mystique, défrayés matériellement, les rabbins de Jérusalem cèdent à la rage d'écrire. Ils composent des commentaires bibliques et talmudiques, des commentaires des grands codes classiques de Maïmonide et de Joseph Caro, des traités mystiques, des manuels scolaires, des poésies en l'honneur de collègues. Commence alors l'aventure de l'édition - un rêve bien souvent inaccessible car bien des livres restent à l'état de manuscrits-. Des gens bien intentionnés de la Ville Sainte subventionnent les publications: ce sont Simon Aluf, David, Samuel et Salomon Amar, Méir Benveniste, Rahamim Cohen, Benveniste Gattegno, Isaac, Moïse et Joseph Mayo, Abraham Enriquès Miranda, Aaron Soncin, Jacob-Hayyim Vivante... Les auteurs eux-mêmes ou leurs délégués s'embarquent pour la Turquie ou pour l'Europe. A Livourne, Venise, Amsterdam, ils trouvent d'autres appuis et un imprimeur. Ces préliminaires se racontent ensuite dans les introductions des in-folio lorsqu'ils sortent enfin des presses17 .

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L'approbation ressortit des modes littéraires locaux autant que de conventions éditoriales valables sous d'autres cieux et dictées par le souci de protection d'une part, la nécessité de tenir un discours n'entretenant qu'un rapport ténu avec l'ouvrage concerné d'autre part. Si les genres s'étagent entre le commentaire biblique ou talmudique, les recueils de responsa ou de sermons, les traités kabbalistes, des prédilections se font jour au niveau des titres des livres réquérant une approbation. Certes, l'auteur choisit de préférence pour intituler son ouvrage un fragment de verset comprenant son propre prénom. Joseph b. Mardochée Cohen appelle simplement Sefer Dibre Yosef, Paroles de Joseph ( cf. Gen. 45:27), sa collection de sermons ( Venise 1715), Abraham b. David Ishaqi intitule ses volumes de responsa Sefer Zera' Abraham, semence d'Abraham ( cf. Ps. 105:6) ( Smyrne et Istanbul 1732 et 1733), Eliézer b. Jacob Nahum gratifie ses commentaires sur la Mishna de Hazon Nahum, Vision de Nahum (cf. Nahum 1:1; Istanbul 1743 et 1745). La personnalité des auteurs s'efface parfois en faveur de la Terre Sainte et à sa fonction spécifique dans l'économie du salut. Le florilège de prières et d'hymnes de Joseph b. Mardochée Cohen s'intitule Shacaré Yerushalayim, Portes de Jérusalem (cf.Jér. 17:19) Venise 1706) et la description touristique de Gedalya de Semyyatiz, Sha'alu Shelom Yerushalayim, Recherchez la paix de Jérusalem (cf. Ps. 122:6; Berlin 1716), le commentaire des Psaumes de Raphaël-Emmanuel b. Abraham-Hai Ricchi, Hazeh Sion, Contemple Sion ( cf. Isaïe 33:20; Livourne 1742), la méthodologie talmudique de Hayyim b. Moïse Ibn Attar, Rishon le-Sion, Primat de Sion ( cf. Isaïe 41:27; Istanbul 1750). Les responsa d'Israël-Méir Mizrahi ont pour titre Pri ha-ares, Le fruit de la terre ( cf. Nombres 13:26; Istanbul 1727), les novellae talmudiques de Moïse b. Salomon Ibn Habib Sefer Shemot ba-ares, Noms sur la terre( Ps. 46:9; Istanbul 1727, Karlsruhe 1766 2), les responsa de Nissim-Hayyim-Moïse b. Juda Mizrahi, Admat Qodesh, Terre de Sainteté (cf. Ex. 3:5; Istanbul 1742), le traité des préceptes scripturaires et des préceptes rabbiniques d'Israël-Jacob b. Yom-Tov Algazi s'appelle Arca de-Rabbanan, Livre de la terre des rabbins ( Istanbul 1745), les responsa et les sermons de Raphaël-Moïse b. Samuel Meyuhas, Pri ha-Adama, Fruit du sol ( cf. Deut. 26:2; Salonique 1752). les sermons d'Abraham b. Samuel Meyuhas, Sede ha-Ares, Champ de la terre ( Lév. 25:31; Livourne 1788). En intitulant ses notules sur Maïmonide, Jacob b. Asher et Rashi, Eres Yehuda. Terre de Juda ( cf. II R. 23:24; Livourne 1797), Juda b. Samuel Cohen-Tenudgi conjugue souci personnel et dilection nationale.

En terre d'Israël seule s'accomplissaient les fonctions sacerdotales et singulièrement les sacrifices. Les titres Baté Kehuna, Maisons sacerdotales d'Isaac Cohen Rappoport ( Smyrne 1741), Zevah ha-Shelamim, Sacrifice des pacifiques ( cf. Lév. 4:10) de Joseph b. Mardochée Cohen (Amsterdam 1718), Zivehé Shelamim, les sacrifices des pacifiques ( Lév. 17:5) de Juda b. Amram Diwan ( 1726), Shalmé Sibur Pacifiques de l'assemblée d'Israël-Jacob Algazi ( Salonique 1750), Mizbah Adama, Autel de terre ( cf. Ex. 20:24) de Raphaël-Moïse b. Samuel Meyuhas ( Salonique 1777), Qorban Elisur, Offrande sacrificielle [d'Elisur b. Shedêyour, phylarque de la tribu de Ruben, cf. Nbres 7:35] de Mansur Marzuq ( Salonique 1777) s'entendent certes dans une perspective de restauration sacerdotale et sacrificielle mais également dans l'optique de l'opportunité de mettre en pratique les préceptes scripturaires applicables seulement sur la terre d'Israël. L'approbation ne se cantonne pas à l'intérieur des remparts de Jérusalem. D'une part les rabbins de la Ville Sainte approuvent des ouvrages composés à l'étranger; d'autre part des Sheluhé de Rabbanan, émissaires des maîtres confèrent leur approbation lors de leurs quêtes de subsides à travers la diaspora. Ainsi trouvons-nous en 1773 à Carpentras un des membres éminents de l'une des quatre dynasties rabbiniques de Jérusalem- Algazi, Meyuhas, Mizrahi, Nabon- Yom Tov b. Israël Algazi qui approuve Oserot-Yosef un supercommentaire sur Rashi et Elie Mizrahi de Joseph de Millau Moscat ( Livourne 1783). L'année suivante le même rabbin approuve Qehilat-Yacaqov, un commentaire des Premiers Prophètes de Jacob b. David b. Jacob, rabbin de Raguse et de Spolatro ( Venise 1784).

De toutes manières, pour imprimer un livre, le voyage s'impose absolument, à moins de dénicher un fondé de pouvoir énergique et dévoué, capable de résoudre les problèmes financiers et techniques à l'étranger. Il s'agit de susciter complément de mécénat à Amsterdam, Istanbul, Livourne, Salonique, Smyrne, Venise. Il faut préparer les manuscrits pour l'impression, corriger les épreuves, suivre la fabrication, distribuer les sexemplaires souscrits.

Caractéristique de Jérusalem, l'approbation porte plusieurs signatures. Collective elle agrège un auteur au cénacle de la Ville Sainte. Le groupe des signataires arbore des appellations prestigieuses comme Bné Macarava ha-yoshevim rishona be-malkhut shamayyim mehaleqe ha-dacat she-b-Yrushalayim, Occidentaux siègeant en première plan au royaume céleste, dispensateurs du savoir de Jérusalem, Rabbanan Eres-Israel, Maîtres du pays d'Israël, Eitané Golat Ariel, Puissants de l'exil d'Ariel,Hakhamim Bet Din ha-gadol she-b-Yrushalayim, Sages de la Cour Suprême de Jérusalem. Les signatures définissent une hiérarchie en début de ligne à droite, le Rav ha-Collel, autorité majeure qualifiée de Rishon-le-Sion, en fin de ligne à gauche, son assesseur, au milieu de droite à gauche les autorités majeures. Ainsi l'approbation du Hut ha-meshulash, Fil Triple ( cf; Eccl. 4:12) , novellae sur le Pentateuque de Juda Diwan comporte-t-elle les signatures d'Eliézer Nahum, de Nissim-Hayyim-Moïse Mizrahi, de David Yequtiel Cohen, d'Israël-Méir b. Joseph Mizrahi, d'Abraham Ibn Asher, de Jacob Algazi. On trouve des infractions au principe de collectivité de l'approbation lorsque s'impose à la tête d'un corps rabbiique pléthorique et jaloux de ses prérogatives une personnalité forte. Ainsi Isaac ha-Cohen Rappaport, Rav ha-kollel approuve-t-il seul Qyriath Melekh Rav, Cité d'un grand roi ( cf. Psaume 48:3) traitant de Maïmonide sur Shabbat et des problèmes de droit matrimonial, de Juda b. Ephraïm Navon, ainsi que le recueil de sermons Shecarit Yacaqov, Reste de Jacob ( cf. Michée 5:6) d'Israël-Jacob b. Yom Tov Algazi ( Istanbul 1751).

Existe-t-il une commission ad hoc chargée d'accorder une approbation? On constate en fait des variantes et des constantes dans les listes d'approbateurs. Signent leur approbation à la première partie de Pri ha-Adama de Raphaël b. Samuel Meyuhas (Salonique 1752) Nissim-Hayyim-Moïse Mizrahi, Gedaliya Hayun, Jacob Algazi, Israël-Méir b. Joseph Mizrahi, Raphaël-Isaac-Zacharie Azulay, Jacob Ashkenazi, Isaac Arokh, Juda b Amran Diwan. Le premier avait publié Admat Qodesh ( Istanbul 1742), le quatrième avait publié Pri ha-Ares ( Istanbul 1727), le sixième était l'auteur de Ruah Yacaqov, le huitième avait publié Zivehe shelamim en 1726. Une commission académique réunissant des auteurs chevronnés approuve donc habituellement à titre de réciprocité le livre d'un confrère, plus rarement accueille un jeune auteur dans le cénacle. A la vérité nombreux sont les ouvrages de nos listes dont les auteurs appartiennent à la yeshiva Bet Yacaqov Péreira et notamment Ezéchias de Silva, Israël-Méir b. Joseph Mizrahi, Nissim-Hayyim Moïse b. Joseph Mizrahi, Eliézer b. Jacob Nahum, Jonas b. Hanan Navon, Israël-Jacob b. Yom Tov Algazi, Raphaël b Samuel Meyuhas, Mansur Marzuq, Abraham b. Samuel Meyuhas. Il arrive enfin que l'Académie appose explicitement sa griffe en préfaçant le livre d'un confrère, ce qu'elle fit pour la deuxième partie d'Admat Qodesh ( Salonique 1758). Signent une Haqdamat hakheme ve-Rabbane Bet ha-Midrash ha-niqra Bet Yacaqov Pereira, Préface des Sages et des rabbins du Collège appelé « Maison de Jacob Péreira », Meyuhas b. Samuel, Jacob Aryeh, Raphaël-Isaac-Zacharie Azulay, Yedidia-Moïse Waqil, Abraham Almosnino, Abraham b. Samuel Meyuhas, Jacob Ashkenazi.

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Chaque haskama développe son propre programme tout en se conformant aux principes du genre et en insérant éléments conventionnels et péroraison sotériologique. L'approbation d'Abraham Yishaqi au Pri Hadash d'Ezéchias de Silva, Amsterdam 1730 s'ouvre sur un éloge de l'éditeur, le médecin érudit David de Silva, grâce auquel les lèvres du défunt murmurent dans sa tombe selon la tradition rapportée dans Yebamot 97 a, cf.Cant. 7:10) car il lui fut donné « de faire monter son œuvre sur l'autel de l'imprimerie », selon l'expression consacrée répondant à Lév. 6: 2 : « Telle est la loi du sacrifice montant sur l'autel ». Elle en arrive à l'essentiel défendant « à tout fils d'Israël de déplacer sa limite ( cf. Deut. 19: 14). pour une période de dix ans à dater du jour d'achèvement de l'impression, tant par un juif qu'un non juif ou par un quelconque subterfuge » car il est dit « Redoute ton Dieu »(Lév. 19:16.) "Celui qui nous écoute reposera avec assurance, il vivra tranquille et sans craindre aucun mal" ( Prov. 1: 33).

L'approbation accordée à cEin Yehosef, commentaire de Baba Mesica de Joseph b. Elie Hazan ( Smyrne 1735), un livre posthume édité par les soins de son fils Hayyim-Caleb Hazan, s'ouvre sur un éloge de l'auteur qui rappelle son affiliation à la yeshiva Haverim Maq‹ivim, sa possession de la semikha, c'est-à-dire de l'ordination habilitant à prononcer des jugements et sa résidence céleste. Elle se poursuit sur la vertu de son fils à qui le Seigneur inspira le dessein de publier l'œuvre de son père. Elle s'achève sur l'espoir que le Seigneur éclaire Sa face sur son sanctuaire désolé et restaure les ruines de Jérusalem. Le texte est daté par des termes empruntés à la péricope hebdomadaire « toute l'offrande que vous présenterez au Seigneur ».( Lév. 2: 11).Assez curieusement n'y figure pas la formule sacramentelle définissant le privilège. Cette omission, cet oubli plutôt indique bien qu'à Jérusalem l'objectif réél transcendait le simple octroi d'un copyright: il s'agissait de dispenser une agrégation au cercle rabbinique local.

L'Approbation à Juda b. Amram Diwan, Hut ha-meshulash, Istanbul 1739 suit un programme analogue. Après des éloges sur l'ouvrage et son auteur, elle énumère les cités et les contrées de son tournées comme émissaire de la Terre Sainte, Safed, Hébron, Istanbul, Jérusalem, l'Anatolie, le Yémen, énonce l' octroi du privilège précédé de la formule rituelle torat ha-cola, loi de l'holocauste ( Lev. 7: 37), avant de conclure sur un vœu de restauration du Temple où les prêtres accompliront leur service.

Pratiquement les versets mis à contribution tant pour l'éloge des auteurs et des éditeurs savants que pour la formulation du privilège et la sanction dont serait passible un trangresseur éventuel sont empruntés aux chapitres du Lévitique réglementant les sacrifices. Pour ce dernier emploi, le « feu continuel entretenu sur l'autel » de Lév. 6: 6 consumera le transgresseur du privilège octroyé à Admat Qodesh de Nissim Mizrahi ( Istanbul 1742).

Comment entendre ces métaphores sacrificielles et sacerdotales sous la plume des dispensateurs d'approbations ? Remarquons d'abord que leur emploi appliqué à la composition et l'impression d'ouvrages n'est pas l'apanage exclusif de Jérusalem. L'expression verbale le-hacalot al mizbah ha-defus offrir sur l'autel de l'imprimerie s'est universalisée et banalisée dans l'hébreu du XVIe au XVIIIe siècle: elle équivaut à notre " livrer à l'impression".

Cependant dans les approbations hiérosolymites, l'expression s'insère dans un discours lui-même chargé de versets ou de fragments de versets se réclamant d'un même registre explicitement lévitique et sacerdotal, renvoyant au culte sacrificiel. Les rabbins de Jérusalem poursuivent la métaphore dans ses derniers retranchements. Résidant dans la ville exclusivement désignée par Dieu pour l'actualisation des sacrifices, bien évidemment empéchés d'accomplir effectivement ce culte, tous n'étant point kohanim et la restauration du Temple restant du domaine du rêve, ils généralisent la substitution métaphorique du livre hypostasié à la victime sacrificielle. Sans se soucier de logique le discours passera du livre à la personne même de l'auteur. Raphaël b. Samuel Meyuhas approuve le compendium Shacar ha-Mayyim sur les lois des bêtes déchirées et sur le traité talmudique Hulin de son propre fils Mardochée-Joseph Meyuhas (Salonique 1768), ( cf. Lév. 3: 9), pure victime, personnifiant ainsi la métaphore sacrificielle.

A ce niveau, l'espace de la Ville Sainte et singulièrement du périmètre sacré acquiert une signification neuve. Une représentation figurée du Temple sous l'aspect du Dome du Rocher est gravée sur le registre inférieur du feuillet portant l'approbation à Rishon le-Sion de Hayyim b. Moïse Ibn Attar ( Instanbul 1750). Le bulbe du Dôme est encadré par les mots Rishon à droite, le-Sion à gauche. L'expression renvoie au verset d'Isaïe Rishon le-Sion hine hinam ve-l-Yrushalayim mevasser eten, Moi le premier, J'ai dit à Sion: Les voici, les voici! et à Jérusalem J'ai envoyé un messager de bonnes nouvelles ( Isaïe 41: 27). Pour l'interprétation rabbinique, Rishon le-Sion est un premier roi - en l'occurence le rabbin selon le dit talmudique Man malkhe? Rabbanan, qui sont les rois? les rabbins ( cf. Gittin 62 a) _ annonçant la rédemption imminente. Deux ans après la même figure surmonte le frontispice de Moïse b. Joseph Bulla, Hayye cOlam également imprimé à Istanbul. Différant en nombre de leurs homologues occupant une chaire dans une ville de la diaspora, les rabbins de Jérusalem s'étaient constitué en un corps puissant, hégémonique. Leurs livres et approbations partaient de Jérusalem et revenaient à Jérusalem, tressant à la Ville Sainte une couronne visible depuis la Diaspora. L'étude de la Tora en la yeshiva, démultipliée dans la Jérusalem d'Or, Yerushalayim de-Dahava ( cf. Shabbat 59 a, Approbation à Eliézer Nahum, Hazon Nahum, Istanbul 1740 ), Mata de-Hakhime Mea Shecarim, Cité de Sages, Cent mesures [ d'orge, cf. Gen. 26: 12], Yoshevet be-Qatedra, siégeant dans la chaire [ cf. Ketubot 59 b] ( Approbation à Raphaël-Moïse b. Samuel Meyuhas, Pri ha-Adama, Salonique 1762) partagée et dispensée par une pléthore de rabbins, substitut du service sacrificiel, avait acquis une aura sotériologique: elle hâtait la rédemption messianique.

Une édition du corpus des approbations hiérosolymites du siècle des Lumiéres, émanation d'un monde rabbinique, académique, voué à l'écriture et à la diffusion du Livre, demeure un desideratum de premier rang pour les études juives.