LIVRES





Titre Ave Lucifer,
sur le Diable en Occident,
Editeur(s) Calmann Lévy et collection de poche "J'ai Lu"
Parution 1970
Auteur E. Antébi
Traduction Edition espagnole : Roca
Couverture Topor

23 novembre 1970

Chère Elizabeth,

J’ai tardé de vous dire tout le bien que je pensais de votre livre. Nous en reparlerons. D’ores et déjà, je vous retire à 200% les quolibets de sous-Pauwells dont je vous avais ornée à tout hasard et par prudence. Appelez-moi, Amicalement, Pierre Schaeffer.

ENQUÊTE

Je crois que c’est en lisant des coupures de presse sur Charles Manson et l’assassinat de Sharon Tate que j’ai pensé à écrire un livre sur le Diable, avec déjà les deux grands thèmes qui me passionnèrent depuis et que je n’ai cessé d’approfondir : notre lien religieux avec l’au-delà au sens étymologique (qui nous relie au Cosmos), mais aussi notre degré de liberté et la manière dont nous l’utilisons. Pour moi, il était indubitable que nous abordions les temps où « Satan conduit le bal » et où l’homme désespère de son propre pouvoir de progresser par la science et les techniques, première grande désespérance jamais vécue auparavant, en des temps de l’illusion européenne, où l’on croyait que la seule accession à la chaleur et à la lumière permanente garantissait le bonheur de l’homme. Et puis j’ai voulu rencontrer les ombres noires de notre siècle, commeJulius Evola, dadaïste conseiller de Mussolini et spécialiste de l’hindouisme, ou même les grands entrepreneurs qui jouaient avec l’idée du Malin comme Louis Armand. Ce livre a l’arrogance des 25 ans : je croyais tout savoir sur l’Ange de Lumière déchu pour avoir voulu jouer les Prométhée. Ai-je depuis mis de l’eau dans mon vin ? Sans doute.

A l’époque j’étais donc partie de l’affaire Manson (l’assassinat de Sharon Tate et de ses amis par une bande d’illuminées, folles du « gourou du Mal » Charles Manson), et j’avais commencé par enquêter dans les sectes et auprès d’auteurs spécialisées dans le démon et les messes noires, comme le pittoresque Ange Bastiani et le talentueux Claude Seignolle. Je fréquentais aussi – prémisses à ma passion haïtienne – le club vaudou de la cité Véron, fondé par une grande danseuse révélée par les Ballets de Béjart, Mathilda Beauvoir, mambo (prêtresse vaudou), et son époux, Claude Planson.


Séance vaudou chez Mathilda, pour le lancement du livre de son mari, Claude Planson, dont je fus un temps l’attachée de presse. Quatrième à droite, André Bercoff. Je suis à gauche sur la photo, avec Alain-Marie Carron, du Monde, devenu par la suite rédacteur en chef de Point de Vue Images du Monde.

Par la suite, je suis allée poser mes questions sur le Malin à Julius Evola, hindouiste et conseiller de Mussolini auquel j’ai pu accéder grâce à Dominique de Roux, puis j’ai interrogé Raymond Abellio, Louis Armand, Pierre Schaeffer (disciple de Gurdjieff) … et c’est ainsi que je suis entrée au Service de la Recherche à l’ORTF.


LE RESUME DU LIVRE

Aujourd’hui, la Magie ne prend plus seulement le visage de Satan pour exercer ses ravages. Elle a aussi des noms plus modernes : technologie, mass media, informatique, publicité (parente de l’hypnose), cybernétique, happening … Sans parler de toutes les sectes religieuses fanatisées dont le dieu est plus proche du démon que de la divinité.
Du tsar Nicolas II à) Hitler – avec Papus, Raspoutine ou Hanussen – de Gurdjieff aux « teinturiers de la Lune », l’ésotérisme est au pouvoir. Parfois le scandale éclate, lors de la disparition des enfants du mage de Marsal par exemple, ou après le meurtre rituel de Sharon Tate. Mais le plus souvent, nous côtoyons sans nous en rendre compte, des milliers de possédés, membres de chapelle initiatiques aberrantes.
C’et tout ce monde inquiétant et (apparemment) marginal qu’Elizabeth Antébi nous fait découvrir, soit au travers de ses enquêtes, soit par des interviews de personnalités informées de ces univers secrets : le philosophe Raymond Abellio, le fondateur de la Recherche à l’ORTF Pierre Schaeffer, l’industriel Louis Armand, l’éminence grise de Mussolini Julius Evola, le Pr. Banerjee, para-psychologue de l’université de Jaïpur (Indes) à la fois en relation avec la NASA et l’Institut de Leningrad, , ou le Père exorciste de l’Archevêché de Paris.
Ce livre est une descente aux enfers modernes d’Occident.


DOSSIER DE PRESSE


La presse a couvert la sortie du livre avec un empressement surprenant. La Commère (Carmen Tessier) de France-Soir, rubrique suivie s’il en était, a titré la phrase ci-dessus :
« Vingt-cinq ans, un visage angélique … Pourtant Elizabeth Antébi est bien l’auteur d’Ave Lucifer, son premier livre. Pour elle, rien n’est surprenant. Elle a choisi ce titre parce qu’à l’instar de Lucifer – cet ange déchu pour avoir voulu trop savoir – ‘nous traversons une époque où nous risquons le pire à vouloir bousculer les tabous.’ »
La Commère israélienne (Myra Avrech) s’en est fait l’écho. Minute a fait paraître une photo superbe de François Roboth. La photo romantique de Robert Lattès est parue dans plusieurs journaux dont Elle. Le livre a donc très vite connu une édition de poche, chez J’Ai Lu, grâce à Jacques Sadoul, et a été vendu en Espagne.

Photos de Roboth, Lattès :
et article de Myra Avrech ainsi que la « Chronique de l’étrange » de Straton le Nîmois, dans Point-de-Vue-Images-du-Monde :

« Notre jeune et charmante consoeur de l’Express, Elizabeth Antébi, s’est attaquée avec une grande conscience et un vigoureux talent à un sujet dont on aurait tort de sourire – l’effroyable affaire Sharon Tate n’en est-elle pas la preuve ? – la Magie et plus particulièrement la «’Diablerie’. […] On y trouve certains chapitres remarquables, et les entretiens qu’elle a eus avec des personnalités aussi différentes que celles de Pierre Schaeffer, Raymond Abellio, Philippe Lavastine,le Père exorciste de l’Archevêché de Paris, Louis Armand, Julius Evola, éminence grise de Mussolini, ou encore le professeur Banerjee, parapsychologue à l’université de Jaïpur, sont fort bien venus. »
Dominique Gaussen,
Tonus.


« J’étais lundi soir au bar de l’Olympia où Elizabeth Antébi, 25 ans, fort jolie, si brune dans sa longue robe noire, fêtait la sortie de son livre Ave Lucifer.[…] Un brillant essai dans lequel l’auteur s’interroge sur la place que dans notre Xxe siècle tient encore la magie sous des noms fort divers. La publicité, par exemple, n’et-elle pas une forme moderne de la magie ? Mais cet essai est en même temps une somme. Je suis stupéfait de voir comment cette jeune fille a pu ingurgiter, digérer tant d’ouvrages (sa bibliographie en compte, sauf erreur, deux cent quatorze), recueillir tant de propos pour n’en retenir que le suc. »
Yves Grosrichard,
La Montagne.


« Le XXe siècle technologique est aussi celui de la magie. Dans les labyrinthes secrets de la volonté de puissance, cette société produit des possédés et des initiés. Du tsar Nicolas II à Hitler, avec Papus, Raspoutine ou Hanussen, de Gurdjieff aux teinturiers de la Lune, l’ésotérisme mène parfois la danse.[…] Elizabeth Antébi a entrepris des recherches en Europe sur la question.[…] Elle conclut que l’ère nucléaire annoncée par les alchimistes récupère la magie sous des mots apparemment innocents, comme happening, mass media, cybernétique, etc. »
Nord-Eclair, Lille.


« C’est une oeuvre intelligente, qui ouvre toutes les voies : celle de la connaissance, celle de l’appréciation et celle du doute, et que met en service une écriture concise qui démontre que la culture universitaire n’est pas une vaine promesse. » L.C. La Montagne.


« A vingt-cinq ans, brune aux yeux verts, Elizabeth Antébi vient de publier aux éditions Calmann-Lévy son premier livre, Ave Lucifer. Pourquoi Lucifer et non pas Satan ou le Diable ? Parce que l’ange déchu pour avoir voulu parvenir trop tôt à l’essence des choses symbolise à ses yeux une société qui brûle trop souvent les étapes, la nôtre.[…] Entre autres révélations surprenantes, on peut découvrir avec Elizabeth Antébi d’étonnants aspects du tantrisme, des messes noires ou du contre-espionnage, à cryptage ésotérique. Une galerie de personnages étranges, connus ou méconnus, défilent sous nos yeux : le mage caucasien Gurdjieff, condisciple de Staline à Alexandropol ; le philosophe et mathématicien Raymond Abellio, ou le baron romain Julius Evola, peintre dadaïste, animateur d’un cénacle magique dans les années 30, conseiller occulte de Mussolini et maître à penser de certains éléments de l’extrême droite italienne.[…] L’esprit de confusion, le goût pour tous les sous-produits de la magie indiquent la présence parmi nous du diable, ‘singe de Dieu’. Mais dans la légende de Lucifer, une émeraude est, pendant la Chute, tombée de son front – dans laquelle on a creusé le Graal qui recueillit le sang du Christ. » Jean Barsalou, La Dépêche du Midi

« Autre lecture bien différente : Ave Lucifer d’Elizabeth Antébi (Calmann-Lévy). Le diable est en effet non seulement terré en nous-même, mais se promène un peu partout. Le théâtre actuel, de Grotowski au Living Theater, du Bread and Puppett à Arrabal, exorcise nos démons en jouant leur jeu, conjure l’Enfer en célébrant la Passion de Satan. Conjuration qui relève essentiellement de la sorcellerie et de la pratique du bouc émissaire. La relation qui existe entre l’importance actuelle accordée aux mass-media et la magie est peut-être plus subtile, moins évidente. Lorsqu’un ensemble de gens reçoit sur le récepteur de télévision à la même heure un même programme, il se produit un phénomène de re-création de la pensée collective, très proche des phénomènes de télépathie ou de voyance. » Anne-Marie Cazalis, Elle

« La cybernétique, le nouveau roman et la nouvelle critique sont d’essence magique : c’est du moins ce qu’affirme Elizabeth Antébi dans un livre sur la magie moderne, plein d’aperçus surprenant mais toujours fondés sur une recherche sérieuse.[…] On retiendra particulièrement cette phrase de l’académicien Louis Armand : « Nous demander de supprimer la magie, ce serait nous demander de supprimer nos vertèbres, sous le prétexte qu’elles datent du poisson. » Ces échanges de vues avec des témoins peu suspects de vulgaires superstitions ne sont pas un des moindres attraits de cet inventaire qui va de la sorcellerie à l’ordinateur. » L’Aurore


« Lucifer est-il parmi nous ? Est-il en nous ? Le lecteur en jugera et pourra se demander avec E. Antébi si ‘la Société moderne est la plus proche possible d’une civilisation magique nettement dissociée de la civilisation scientifique, son pendant et son revers’. » L’Echo de Saint-Etienne

« Dénoncer la magie noire et ses à-côtés est le seul moyen de venir en aide aux faibles, aux faux-romantiques ou, au plus haut stade de l’échelle, à ceux qui seraient tentés d’entrer au royaume luciférien assimilé au psychédélisme, « nostalgisme », « psychalgie », il est facile de forger les mots du diable. Une mauvaise utilisation du savoir est punie par un choc en retour, comme la mauvaise utilisation d’un combiné chimique provoque une explosion. Tel est l’un des thèmes de conclusion qu’E. Antébi formule à la fin du volume qu’elle vient de consacrer à la magie. Cet ouvrage, fort brillant, a été divisé en trois parties :
La première est consacrée à l’attitude du pouvoir, de la justice en particulier, à l’égard des sciences parallèles ; on y lira avec le plus grand intérêt le chapitre consacré aux malfrats de l’au-delà.
La deuxième partie traite de la conquête des pouvoirs par la magie, ce qui permet au lecteur de préciser, faits historiques à l’appui, dans quelle mesure magie et sorcellerie peuvent devenir les armes de la volonté de puissance.
Enfin, la troisième partie cherche à pénétrer les arcanes de la magie secrète, de l’alchimie médiévale aux tentations modernes d’imprégnation des masses. »
Revue de la Police Nationale

« Original et même inattendu. » Hervé Lauwick, Jours de France

« Ouvrage présentant un intérêt capital ». Dernière Heure, Bruxelles.

« Il est bon de connaître, par exemple, le lien étroit unissant le phénomène nazi à d’aberrantes sociétés secrètes : ‘Ce sont les sectes qui tirèrent du néant Hitler, medium chtonien du Sang et de la Race.’ Dans Ave Lucifer, E. Antébi analyse les rapports des ‘sciences parallèles’ avec les diverses ‘autorités’ (politique, religion, médecine) du monde visible, illustrant sa démonstration par de passionnants récits, des interviews de spécialistes et l’exégèse d’ouvrages souvent introuvables. Un essai diablement envoûtant. » Figaro Littéraire

Et Post-Scriptum, émission littéraire de Michel Polac, annonce pour la première semaine de janvier 1971 un sujet sur l’ésotérisme, avec Louis Pauwels, René Alleau, Raymond Abellio, Elizabeth Antébi entre autres invités…



EXTRAITS

« Un livre sur la magie. Encore un. Pourquoi ?

Ouvrage historique ? Panoplie croustillante de nos contemporains en goguette ? Ni l’un ni l’autre. Ce livre désire moins s’attarder sur les pratiques magiques – envoûtement, messes noires, voyante – que, d’une part, s’interroger sur la place que tient la magie dans notre société du Xxe siècle, où elle est intimement liée à tous les faits de la vie (de la simple superstition à la volonté de puissance), et, d’autre part, opposer à la magie noire qui englue, damne et déracine, l’ésotérisme, science traditionnelle, conservée à l’intérieur d’un noyau d’initiés. La magie eut ses ambassadeurs, à l’aube de la civilisation chrétienne, auprès de Jésus-Christ : des trois rois mages, l’un présentait l’encens, symbole du pouvoir spirituel, le second, l’or, symbole du pouvoir temporel, le troisième enfin la myrrhe, promesse d’immortalité. […] Des grandes figures de mages et philosophes qui traversent l’ouvrage, les uns, comme Gurdjieff ou René Guénon, ont tenté de préserver l’encens et la myrrhe. D’autres (Julius Evola, en partie Raymond Abellio) ont corrompu les notions d’ascèse et de spéculation philosophique en se fourvoyant dans le guêpier politique. D’autres enfin, comme Aleister Crowley, choisirent l’Apocalypse de l’Or, du pouvoir temporel et de la magie noire.[…] Aujourd’hui enfin s’élabore une nouvelle mystique à base d’argent, d’égotisme, de narcissisme, de frénésie et de fureur, dont le grand pape est Salvador Dali, et s’érige un nouveau Veau d’Or, la machine. Avec l’éclatement des valeurs consacrées, Picasso, les dadaïstes et les surréalistes, Pierre Schaeffer, Pierre Henry et la musique concrète, l’Art Op, puis le Pop Art, la recherche de l’absolu conduite aux limites de la folie par un Yves Klein, la société moderne est la plus proche possible d’une civilisation magique, nettement dissociée de la civilisation scientifique, son pendant et son revers.

La cybernétique, le nouveau roman et la nouvelle critique, le culte des mass media sont d’essence magique : certaines lois cybernétiques (présence d’ondes pertubatrices) évoquent la notion de choc en retour ; la cybernétique est en quelque sorte une manifestation moderne de la télékinésie et de l’animation de la matière, symbolisée dans la légende par le Golem, statue d’argile dotée de vie par un seul mot tracé sur son front. Le Golem n’est d’ailleurs plus un rêve futuriste : un inventeur américain n’a-t-il pas consacré une dizaine d’années de sa vie à la confection d’un robot parfait qui respirait, avec un rythme cardiaque régulier, la peau chaude, marchait, bougeait et … qui abattit son constructeur d’un seul coup de poing comme le Golem de la légende ?

Choc en retour, animation de la matière, importance aussi du langage. Des linguistes Saussure et Chomsky à Raymond Queneau et au Nouveau Roman, on ne cesse de se pencher sur les pouvoirs du mot et de la phrase : le nom fait, seul, exister la chose. Roland Barthes l’a montré dans son essai sur Sarrasine de Balzac, le fait qu’on nomme ou qu’on écrive quelque chose d’une certaine manière crée la chose et la fait vivre de cette seule manière possible. Ce qui évoque les pratiques des kabbalistes inscrivant les noms de Dieu dans un ordre déterminé pour invoquer les forces magiques.

Choc en retour, animation de la matière, importance du langage, sens du geste enfin et de la communication. Le théâtre actuel, de Grotowski au Living Theater, du Bread and Puppett à Arrabal, exorcise nos démons en jouant leur jeu, conjure l’Enfer en célébrant la Passion de Satan. Conjuration qui relève essentiellement de la sorcellerie et de la pratique du bouc émissaire. […] La vérité, disait l’aumônier de Glières à André Malraux, c’est qu’il n’y a pas d’adultes. La vérité, c’est que l’homme n’accepte pas encore, malgré des siècles de réflexion, et peut-être accepte-t-il de moins en moins, d’assumer sa solitude. » (Extrait de la Préface)


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